Le sort de Aminatou Haidar, militante sahraouie des droits de l'Homme, en grève de la faim depuis le 14 novembre dernier, préoccupe de plus en plus toutes les instances internationales. Celles-ci qui ne semblent pas avoir ou qui ne veulent pas exercer une grande pression sur le Maroc, expriment de plus en plus leurs inquiétudes quant à la dégradation de l'état de santé de la militante sahraouie mais aussi sa détermination à mener jusqu'au bout sa grève de la faim quitte à en mourir avant son retour à sa terre natale. Face à ce mutisme institutionnel, c'est la mobilisation de la société civile et des ONG des droits de l'Homme à travers toute la planète. Hier, des centaines de personnes ont manifesté devant le siège du ministère des Affaires étrangères à Madrid pour demander la fin du calvaire de la militante sahraouie des droits de l'Homme et ont apporté leur soutien au droit à l'autodétermination du peuple sahraoui. Les manifestants, portant des bougies, se sont d'abord rassemblés en silence dans l'emblématique place de la Puerta del Sol, située au centre de la capitale espagnole Madrid, pour se rendre ensuite devant le ministère espagnol, distant de quelques centaines de mètres. Sur place, rapportent les agences de presse, les manifestants, dans un silence religieux entrecoupé parfois par des sanglots de jeunes étudiantes, exhibant des portraits de la «Gandhi sahraouie», qui observait ce soir-là son 26e jour de grève de la faim à l'aéroport de Lanzarote, et dont l'état de santé se dégrade d'heure en heure, le représentant de la plateforme universitaire, Jose Vicente Barca, a lu un manifeste dans lequel il a affirmé notamment que le «peuple sahraoui vient de donner, une fois de plus, un exemple de dignité à travers Aminatou Haidar». Dénonçant l'intransigeance du Maroc à interdire le retour chez elle de l'activiste sahraouie, il a souligné que ce pays «vient de montrer de nouveau sa face la plus terrible alors que l'Espagne place ses intérêts économiques au-dessus de la défense des droits de l'Homme». Dans ce sens, les manifestants ont appelé le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero à «défendre les résolutions des Nations unies à parachever le processus de décolonisation du Sahara occidental à travers l'organisation d'un référendum d'autodétermination devant permettre au peuple sahraoui de décider librement de son destin». Le rassemblement, qui se voulait silencieux au départ, s'est transformé par la suite en une gigantesque clameur en faveur d'Aminatou Haidar et du droit à l'autodétermination du peuple sahraoui. Human Right Watch, le Parti communiste et des députés français se sont dits inquiets de la situation de la militante. Le président sahraoui a interpelé, quant à lui, une seconde fois le roi d'Espagne pour qu'il intervienne auprès de son homologue marocain pour le convaincre de faciliter le retour de Mme Haidar à El Ayoun. G. H.