De notre correspondant à Constantine A. Lemili «Nous ne savons même pas le montant exact de la transaction. Quoique nous obtenons des bribes de propos, happés ici et là auprès de certains fonctionnaires de la mairie les plus proches de ce dossier, qu'elle avoisinerait les quatre milliards de centimes». Il s'agirait donc de quatre milliards de centimes pour la réhabilitation partielle de chaussées à hauteur de deux grandes cités de la ville du Khroub. La plus visible reste celle qui longe le stade Abed Hamdani et dont l'aspect est plus proche d'un sol lunaire que d'un passage qui était nettement plus viable, il y a quelques mois seulement. C'est l'un des vice-présidents de l'APC du Khroub qui tenait les propos évoqués plus haut. Pour lui «tout est faux dans ce dossier, en ce sens que les choix techniques des travaux de réhabilitation auraient dû être confiés à un bureau spécialisé. On ne refait pas une route comme ça, notamment en plein centre urbain, si ne sont pas pris en compte de nombreux paramètres lesquels, parce qu'ils anticiperaient sur les interventions d'autres prestataires de services, préserveraient la commune de possibles déconvenues et épargneraient bien des désagréments aux citoyens».Comment interpréter cette profession de foi ? «C'est simple, la commune va ouvrir de sensibles portions d'artères copieusement habitées. La logique aurait voulu qu'au minimum soient associés tous les prestataires de services que sont la Sonelgaz, Algérie Télécom, l'ADE, l'ONA, la DUCH pour que cette action soit lancée en concertation et irait jusqu'à permettre aux prestataires évoqués, soit d'orienter les travaux, conseiller les intervenants ou encore mieux de consulter l'état de leurs ouvrages et, le cas échéant, intervenir avant de boucler le chantier. Nous prendrons de fait une avance sur le temps et les services de la mairie profiteront d'un répit durable avant la prochaine réhabilitation ou réouverture du sol. Malheureusement ce n'est pas le cas, ce sont des agents de la mairie qui ont décidé de la nature des travaux et il faut préciser que s'agissant de cela, il n'y a pas d'état d'âme... C'est en général un décapage, une couche de goudron et le bitumage. Très souvent, la chaussée approche le niveau des trottoirs si elle ne les égale pas comme c'est le cas un peu partout.» Notre interlocuteur, connu pour son franc-parler et son intégrité, jure qu'en «tant que vice-président, jamais le projet n'a été soumis à délibération». Le marché aurait donc bel et bien été accordé de gré à gré par l'ancien maire, lequel traîne justement cette casserole parmi les nombreuses affaires qu'il collectionne devant les tribunaux. «Bien sûr, preuve vous en est fournie que les travaux sont à l'arrêt, l'entrepreneur ayant su l'évolution de la situation, d'autant qu'il ne dispose que d'un bon de commande à un moment où c'est un ordre de service officiel de l'administration qui aurait permis l'ouverture des chantiers. Un bon de commande signé par une personne et qui n'engage que celle-ci.» La rumeur laisse entendre que des soumissionnaires moins-disants auraient été laissés sur le carreau au profit de celui qui a bénéficié du marché. L'argument fourni par l'ancien maire tournerait autour des délais de réalisation. Or, ce que ne dit pas le maire, ni ses proches d'ailleurs, c'est que l'entrepreneur avait commencé les travaux avant d'avoir bénéficié du bon de commande. Autrement dit, persuadé de décrocher le marché, il avait entrepris de lancer le chantier plus tôt et rentrer ainsi dans les délais proposés. En tout état de cause, la situation est telle que l'assemblée doit faire face à une situation cornélienne. Ou elle annule la commande et il s'agira d'un cas de figure quelque peu inédit, en ce sens qu'il faudrait bien que l'entrepreneur soit dédommagé, auquel cas se poserait la question de la hauteur de l'indemnisation, ou bien elle mène à terme le projet avec une légère révision des prix, ce qui est plus probable. Avec une conclusion toutefois au désavantage de l'Etat et du contribuable, car selon le même vice-président, «même à deux milliards de centimes, l'entrepreneur rentre largement dans ses fonds. Ce ne sera pas le cas, heureusement pour lui et malheureusement pour nos contribuables, car il est évident que si révision des prix il y a, elle ne dépasserait pas la cinquantaine de millions. Tout est dans l'art de l'illusion».