De notre correspondant à Constantine A. Lemili Dans son édition de jeudi dernier La Tribune avait évoqué l'admission en urgence, la veille, au secteur sanitaire El Bir de Constantine, répertorié établissement de référence par le ministère de tutelle, de sept personnes suspectées d'avoir contracté le virus H1N1 sur leur lieu de travail. Sur ces sept personnes, quatre avaient été gardées en observation et isolées après qu'aient été effectués les prélèvements d'usage, lesquelles étaient acheminés dans la soirée à l'Institut Pasteur d'Alger.Les résultats des analyses, à leur tour, devraient être communiqués dans les quarante-huit heures et, plus rapidement encore, s'ils s'avéraient positifs, en ce sens que les mesures à prendre devenaient spécifiques… Les risques étant désormais établis. Or, jusqu'à hier matin, ces résultats n'étaient encore connus ni des responsables de l'établissement sanitaire ni des «contaminés» eux-mêmes ou de leurs proches, coupés les uns des autres… risque de contagion oblige. Ce qui relève sans doute du bon sens mais d'un bon sens… équivoque, dans la mesure où les efforts consentis pour obtenir ces résultats étaient loin d'être évidents. Autre étrangeté, au troisième jour de ces faits l'une des personnes suspectées d'être porteuse du virus est autorisée à rentrer chez elle parce qu'officieusement son père en aurait, précisent des voix hospitalières, ainsi décidé contre avis médical et «plutôt parce qu'elle pouvait être prise en charge à domicile», selon les propos tenus dimanche à l'un de nos confrères par le directeur de wilaya de la santé. Alors qu'au cours de l'après-midi d'hier, nous saurons auprès du directeur des moyens de l'établissement d'El Bir que «Cette personne devait se rendre au chevet de sa mère gravement malade. En fait, elle a bénéficié d'une permission et devait revenir dans la même journée. Ce qui n'a pas été le cas que 24 heures plus tard» et le même cadre précisera qu'elle a été «autorisée effectivement par le médecin qui avait considéré qu'elle n'était sujette qu'à une grippe saisonnière ; elle est d'ailleurs rentrée chez elle dotée de tous les moyens de protection, notamment les bavettes». Ce qui n'explique pas alors qu'elle ait séjourné quarante-huit heures avec le reste de ses collègues avant d'être déclarée «saine» et réintégrée, presque manu militari, à une heure tardive de la nuit par une escouade de fonctionnaires de l'établissement le lendemain… après que la radio locale, très écoutée, ait repris l'information donnée par notre confrère précédemment cité. Dans le tohu-bohu qui a suivi ce vaudeville, l'une des responsables de garde, déterminé à mettre «un terme à une situation qui tourne en ridicule le secteur et laisse sur des charbons ardents les parents des malades concernés», s'est engagé à obtenir les résultats à partir de dimanche. Une promesse évidemment non honorée. En attendant ces derniers (les malades) font contre mauvaise fortune bon cœur et se disent qu'«il faut faire avec, car c'est aussi ça le secteur, qui ne saurait déroger au… système établi». Enfin, le retard dans la réception des résultats des analyses nous a été expliqué sur place par le directeur des moyens par «la grande bousculade à l'Institut Pasteur, dont les services doivent faire face à une très forte demande. En fait, il faut souligner qu'habituellement les résultats étaient livrés parfois en un temps record… moins de vingt-quatre heures (par fax) après leur réception par l'institut. Il ne faut pas occulter le fait que nous sommes dans une saison propice à ce genre de grippe et, quelle que soit son origine, toutes les précautions doivent être prises. C'est pour cela que c'est une obligation, pour les quatre personnes actuellement hospitalisées, autorisées à rentrer chez elles, d'attendre les résultats, même si les médecins sont persuadés qu'il s'agit à 99% d'une grippe saisonnière». La seule bonne note dans tout ce décor reste le studieux intérêt du service de prévention épidémiologique du Khroub qui a gardé un contact quotidien avec les familles des malades afin de cerner au mieux les risques probables de contagion.