L'Algérie fait partie de ce monde qui se réchauffe. A l'instar des autres pays, elle est également touchée par le changement climatique. Selon l'Institut international de développement durable (IISD), les données climatiques relevées dans le Maghreb durant le XXe siècle indiquent un réchauffement estimé à plus de 1°C avec une tendance accentuée au cours des 30 dernières années. «Ainsi, on est passé d'une sécheresse tous les dix ans au début du siècle à cinq à six années en dix ans actuellement», constate l'IISD. Des prévisions approximatives –à cause de la faiblesse des modèles de circulation générale dans la région (Algérie, Maroc, Tunisie)- font état d'une probable augmentation de la température de l'ordre de 2° à 4°C durant le XXIe siècle dans des pays très peu émetteurs de gaz à effet de serre (entre 1,5 et 3,5 TE Co2/hab/an). «Nous ne pouvons pas dire que l'Algérie n'a pas été touchée par le changement climatique. Une étude a démontré qu'il y a des indicateurs qui montrent que nous avons été touchés», a déclaré à l'APS le chef de division veille climatique de l'Office national météorologique (ONM), M Djamel Boucharef. La position géographique de l'Algérie, en zone de transition, et son climat aride et semi-aride, en fait un espace très vulnérable. Le directeur général de l'ONM, révélait en mars dernier, que les températures avaient augmenté de 6/10 depuis 1990 et la pluviométrie a reculé de 12% pour la période 1990/2005. Quels seraient les répercussions en cas de changements climatiques très brutaux ? Le secteur de l'eau sera l'un des plus déstabilisés. Diminution de l'écoulement des eaux, modification du régime hydrologique saisonnier avec des impacts sur certains aménagements hydrauliques et agricoles, augmentation de la salinité des eaux, baisse du niveau des nappes souterraines sont les conséquences énumérées par l'IISD. Concernant l'impact sur le littoral, il est craint une altération de la dynamique côtière avec l'élévation du niveau de la mer, l'érosion de certaines franges côtières, la perte de terres au profit des eaux marines, la fragilisation du système socioéconomique des ces zones liées à la fréquence des inondations et d'érosion des terres. Pour l'agriculture, l'érosion des sols entraîne une dégradation des terres, les déficits en pluviométrie pouvant atteindre 50% durant la période 2000/2020 provoqueront un déficit des rendements des cultures pluviales et l'activité agricole côtière se réduira à cause de la salification des nappes. Ces scénarios rapportés par l'IISD sont chaotiques. L'urgence de développer une politique nationale, puis internationale de lutte contre le réchauffement climatique n'est plus à démontrer. D'ailleurs, l'aura internationale qui entoure le sommet de Copenhague n'et pas sans fondement. L'Algérie, représentant de l'Afrique au sommet sur le climat, tente des approches multidimensionnelles pour faire face au danger. Avant tout, pour pouvoir prendre en charge un phénomène, il faut d'abord le cerner. M Boucharef indique que l'ONM a fait un «très grand pas en avant dans notre région météorologique» comptant 400 points de mesure, une station de référence pour mesurer les gaz à effet de serre à Tamanrasset, un centre de calcul doté d'un supercalculateur et un radar pour parer aux impacts climatiques, dix stations automatiques au niveau d'Alger dans le but d'améliorer les prévisions à court terme en affinant les maillages, entre autres. Par ailleurs, l'ingénieur indique que l'office a réalisé des études de détections climatiques en milieu national, des cartes d'indice et des cartes des températures. Autre démarche importante à signaler, sans omettre le dessalement d'eau de mer, Sonelgaz annonçait fin novembre dernier, le lancement du projet «Rouiba éclairage» pour la fabrication de panneaux solaires. L'opérateur national de l'énergie ambitionne de produire 12 000 mégawats d'énergie solaire à l'horizon 2040. Une enveloppe de 100 millions de dollars a été dégagée par l'entreprise à cet effet. Selon un rapport du ministère de l'Environnement datant de 1994, l'Algérie émet environ 100 millions de TE CO2 par an. La répartition des émissions de GES par secteur donne les résultats suivants : énergie 67%, procédés industriels 5%, agriculture 11%, sols/forêts 12%, déchets 5%. La consommation énergétique se répartit comme suit : produits pétroliers 28%, GPL 7%, gaz naturel 62%, autres 3%. Quant à la consommation par branche industrielle, les matériaux de construction représentent la plus grosse part avec 46%, suivis de loin par le secteur de la chimie, caoutchouc et matières plastiques 15% et, enfin, les hydrocarbures 9%. Pour l'émission du secteur de l'énergie elle se présente comme suit : industrie énergétique 39%, résidentiel, agriculture, tertiaire 17%, transport 20%, émissions fugitives 15%, industries manufacturières et construction 9%. S. A.