La sécheresse ne se limite plus au Sahel mais tend à se propager en direction des pays du Maghreb. Le soleil s'est confortablement installé en Algérie depuis le début de l'automne. Les pluies se raréfient et les agriculteurs commencent à s'inquiéter. Les Algériens s'interrogent au même titre que les scientifiques qui s'attellent à l'étude du phénomène du réchauffement climatique planétaire. Hier, le thermomètre a grimpé au-dessus de 25 degré, alors que la température saisonnière est de 13 degrés en moyenne minimale et de 19 degrés en moyenne maximale. Le ministère des Affaires religieuses a même appelé les imams des mosquées à observer la «salate el istisqaa», prière pour l'avènement de la pluie, lors de la prière de vendredi. Recommandation qui n'a pas été suivie dans certaines mosquées d'Alger. Cette inquiétude est née du fait que notre pays n'a enregistré que deux journées de pluie durant les deux derniers mois (octobre et novembre). La sécheresse n'est plus une menace qui se limite aux pays du Sahel, mais tend à se propager en direction des pays du Maghreb. L'Algérie, qui fait face au problème de la disponibilité de l'eau depuis des décennies, avait pris en charge ce problème, à bras-le-corps, après les sérieuses perturbations ayant secoué les foyers algériens, plus particulièrement dans les grandes villes, où nous avons eu à assister à de véritables manifestations populaires pour demander un ravitaillement en eau potable interrompu pendant plusieurs semaines. Depuis, les pouvoirs publics ont mis en place un véritable plan Orsec pour faire face au phénomène de la raréfaction des eaux de pluie, en orientant les efforts sur une politique de construction de barrages et de retenues d'eau en mesure de mobiliser les eaux qui se perdent dans la nature, en plus d'une nouvelle démarche qui consiste à construire des usines de dessalement de l'eau de mer, comme c'est le cas dans les pays du Golfe. Le secteur de l'hydraulique, à l'instar des autres secteurs, a bénéficié d'un programme de développement sur la période 2005-2009, incluant de grands projets dont la majorité des opérations inscrites sont effectivement lancées sur le terrain. Cette stratégie devrait porter le nombre de barrages qui était de 47 en 1999 à 69 en 2009. Les chiffres présentés au Président de la République par le premier responsable du secteur fait état de cinq barrages que sont Sikkak-Tlemcen, Krami-Mostaganem, Koudiat Rosfa-Tissemsilt, Tilesdi-Bouira et Sidi M'hamed Ben Taïba-Aïn Defla réalisés, ainsi que 16 autres petits barrages réceptionnés à la fin de 2005. Aussi, 12 nouveaux barrages (Koudiat-Acerdoune, Bougous, Oued Athmania, Tichi Haf, Kerrada, Prise Chellif, Boussiaba, Ourkis, Kessir, Safsaf, Kaf Eddir et Douéra) seront réceptionnés à la fin de 2008, portant ainsi à 69 avec 26 grands transferts le parc national des barrages qui en comptait 47 en l'an 2000. Le grand barrage de Koudiat Acerdoune dont la capacité est de 650 millions de m3, sera achevé en décembre 2007. Un autre axe de cette politique de la gestion des eaux consiste dans le programme d'assainissement qui a été déjà lancé et comprend la mise en service, à l'horizon 2009, de 28 nouvelles stations d'épuration avec l'objectif de porter la capacité d'épuration des eaux usées de 200 à 600 millions m3/an. Ce volume conséquent, qui représente l'équivalent de dix barrages, est totalement destiné à l'agriculture. Aussi, l'accent a été mis sur l'importance de la promotion d'une véritable politique de protection de l'environnement qui, une première en Algérie, s'est intéressée a la protection du milieu naturel des agressions répétées causées par le tissu industriel qui s'est développé de façon anarchique et sauvage, ne respectant aucunement les règles universelles régissant le fonctionnement des entreprises économiques qui polluent l'environnement, raison essentielle qui a mené à la concrétisation du protocole de Kyoto en vigueur jusqu'en 2012. Les scientifiques l'ont prouvé à maintes reprises: «La situation est alarmante, et pas seulement à cause du réchauffement climatique», a déclaré Mario Herrero, de l'Institut international de recherche sur le bétail (ILRI), lors d'une réunion des représentants de 189 pays, réunis à Nairobi (Kenya) pour réfléchir à un accord mondial sur la lutte contre le réchauffement climatique. Priorité a été donnée pour aider l'Afrique à s'adapter à ce phénomène. En Afrique, les écosystèmes changent sous la pression du développement industriel mondial et des dégradations qui touchent aux ressources naturelles. L'exemple type de ce désordre naturel est la disparition progressive des neiges éternelles du Kilimandjaro, le plus haut sommet d'Afrique qui culmine à 5.895 mètres. La déforestation et l'avancée irrésistible du désert touchent de plein fouet un continent désarmé et en butte à des fléaux sociaux multiples. En Algérie, le cycle naturel des saisons est entré dans une phase de perturbation durable, phénomène relevé par le citoyen ordinaire. Ce problème du réchauffement climatique, tant annoncé, par la communauté scientifique pourrait bien avoir lieu, s'il n'est pas déjà apparent. Cette question semblait faire l'unanimité parmi les centaines d'experts du monde entier réunis lors du Comité intergouvernemental des Nations unies sur les changements climatiques (IPCC) le 19 février 2001. Aujourd'hui, presque tous les scientifiques s'accordent à imputer l'essentiel de cette évolution, en matière de climat, sur les dernières décennies du XXe siècle, aux gaz à effet de serre produits par les activités humaines. Les puissances mondiales n'ont pas jugé utile de se conformer au protocole de Kyoto. Mis à part la Russie et la France qui l'ont ratifié, les autres partenaires qui pèsent de tout leur poids sur l'économie mondiale, à l'instar de la Chine et des USA, n'ont pas jugé utile de modérer les pollutions générées par leurs industries géantes sur l'environnement. Le phénomène de la couche d'ozone n'a pas fait reculer les tenants de l'industrialisation à outrance. Le principal responsable de ce désordre écologique est le gaz carbonique qui représente 70% des émissions, puis vient le méthane. Leur concentration dans l'atmosphère n'arrête pas d'augmenter depuis le début de l'ère industrielle: depuis 1750, la concentration en gaz carbonique a augmenté de 31% et celle en méthane de 150%. Une partie de ces gaz reste dans l'atmosphère et le reste est absorbé par les océans et les végétaux.Les scientifiques qui se sont penchés depuis des années sur ce problème qui dérange l'écosystème de la planète terre ont donné l'alerte depuis longtemps. Ils sont tous unanimes à considérer qu'aujourd'hui, l'état des connaissances scientifiques et les modèles utilisés par les climatologues ne permettent pas de faire de prédictions fines à l'échelle régionale, mais ils permettent de prédire globalement à l'échelle de la planète les grandes évolutions auxquelles il faut s'attendre. Or, les prévisions sont alarmistes: un réchauffement de 1,4 à 5,8° Celsius est en effet prévu d'ici à la fin du XXIe siècle, la plus forte augmentation qu'aura connue la Terre depuis environ 10.000 ans. De ce fait, notre planète ne sera que plus chaude et aussi plus humide. Les études réalisées prévoient que la nouvelle répartition des pluies accentuerait encore les inégalités existantes. Les pays dépendants de leur pluviométrie en matière de ressources hydriques seraient les premiers à s'exposer dangereusement à la sécheresse.