Photo : La Tribune De notre envoyé spécial à Batna Amirouche Yazid «C'est magnifique ce que la troupe de Tamanrasset nous a présenté comme spectacle ce soir. En véritable guide, les comédiens nous ont fait visiter Tamanrasset pour découvrir leur culture, leurs traditions et leurs coutumes. Ils ont réussi, avec du simple, à nous présenter un produit fin et merveilleux. Sincèrement, chapeau bas pour les gens de Tam.» Le propos peut servir de première appréciation à la pièce Tamanhayt (face au miroir) d'autant plus qu'il émane de Fouzia Aït El Hadj, femme de théâtre, metteur en scène et directrice du Théâtre régional de Tizi Ouzou. Un second verdict a été aussi prononcé par le célèbre comédien Saïd Hilmi. En signe de reconnaissance de la qualité de l'œuvre, Saïd Hilmi a remis une gerbe de fleurs aux comédiens de la troupe qu'il a chaleureusement félicités. Ces distinctions ne sont pas usurpées. Le public en est témoin. Après avoir suivi attentivement toutes les étapes de la pièce, le public a quitté le Théâtre régional de Batna avec la certitude d'avoir assisté à un spectacle de haute facture. La raison est fondamentalement liée au thème choisi par l'auteur de la pièce, Mouloud Fertouni, ainsi qu'à la mise en scène minutieusement adaptée d'Azzouz Abdelkader. Répartis en cinq tableaux, Tamanhayt est le récit d'une jeune fille de Tamanrasset prise en tenailles entre le poids des traditions et le désir de vivre sa liberté. Partie faire ses études universitaires à Alger, elle découvre un monde différent de celui de sa terre natale. A son retour, contente de son statut de diplômée, elle croyait pouvoir échapper à l'emprise des traditions. Le jour de son retour, elle trouve sa famille en train de préparer une fête. Elle pense qu'il s'agit du mariage de sa sœur aînée. Grande sera sa surprise en apprenant qu'il est question de son mariage. Mais à son insu. Dans ce dilemme, elle ne sait plus quoi entreprendre. Même le film de la pièce ne suggère pas un choix au détriment d'un autre. L'arbitrage a été délégué aux spectateurs. Mais ces derniers n'arrivent pas non plus à trancher. Entrecoupée de pas de danse traditionnelle et de musique locale, la représentation a créé une belle ambiance dans la salle. Un tel décor a permis au public de bien mener les instants de réflexion autour d'un sujet à la fois pesant et complexe : le mariage précoce imposé aux jeunes filles. Tamanhayt est un véritable miroir non de Tamanrasset seulement mais aussi de toute notre société. Il ne faut pas oublier de se placer en face même quand l'image qu'il renvoie est brouillée d'avance. Il faut noter que Tamanhayt a été précédée par celle intitulée Zawadj.com de la troupe de recherche artistique de Biskra. Zawadj.com est écrite par Chicha Mohamed Ali qui a assuré également la mise en scène. L'interprétation a été garantie par Lamouri Fadila, Djemane Saïd et Afferoudj Hama.