Au lendemain de ce qu'ils appellent le «premier contre-sommet écolo mondial», les militants oscillaient, dimanche dernier, entre fierté et résignation avant de quitter Copenhague. Le caractère pacifique, massif et très à gauche de la marche de samedi dernier est dans toutes les bouches au Klimaforum, le «sommet des peuples» organisé en parallèle du sommet officiel sur le climat.Mais «cela ne suffira pas qu'on ait un bon accord international la semaine prochaine», juge John le Danois qui rappelle pourtant avec satisfaction qu'il y a deux ans ils étaient à peine 500 à célébrer la «Journée mondiale du climat» à Copenhague. La veille, la police danoise a compté 25 000 personnes dans les rues pavées de la capitale danoise, un chiffre revu nettement à la hausse par les organisateurs de la marche «Planet first, People first [la planète d'abord, les peuples d'abord, ndlr]». «Etre 100 000 ici, ça montre que la prise de conscience a enfin eu lieu, que ces questions touchent le grand public», estime John avant de renseigner un groupe de militants africains.«Hier, c'était un succès mais ce n'est pas assez», renchérit Alejandro, chef d'une délégation d'ONG du Nicaragua. S'il y a un accord en fin de semaine, lors du sommet de chefs d'Etat et de gouvernement, cela ne peut être qu'un «mauvais accord», estime le jeune homme.Pour la plupart des participants au Klimaforum, sorte de tour de Babel militante et alternative au cœur de Copenhague, les pays développés sont coupables du blocage actuel des négociations officielles.«L'Union européenne a peur pour ses intérêts financiers ; alors, il n'y a pas de pression sur les Etats-Unis. C'est avec les pays pauvres que les Européens devraient être solidaires, pas avec Obama», dénonce Alejandro. La «déclaration des peuples sur le climat», qu'on peut signer à l'entrée du Klimaforum, réclame une réduction de 40% des émissions de gaz à effet de serre à l'horizon 2020 et l'équivalent d'1,5% du PIB mondial pour aider les pays les plus vulnérables à s'adapter aux changements climatiques.Ses initiateurs cherchent à obtenir un laissez-passer pour remettre la pétition lors d'une session plénière de la conférence des Nations unies, qui se déroule à six kilomètres de là, au Bella Centre, entre un centre commercial et un quartier résidentiel. Maria Isabel y a passé la journée de samedi dernier, abandonnant son envie de manifester pour assister à un débat sur les forêts dont son ONG s'occupe au Guatemala. Pour elle, «c'est mieux de ne pas avoir d'accord qu'un mauvais accord». De toutes façons, rappelle la jeune dirigeante, le processus onusien compte déjà d'autres étapes pour 2010, à Bonn puis à Mexico. Face à l'enlisement des discussions diplomatiques, l'archipel des Tuvalu, directement menacé par la hausse du niveau des mers, a même réclamé une suspension du sommet de Copenhague.Malgré le pessimisme ambiant, Fred, militante française, estime que la manifestation de samedi dernier reste une date à retenir. «C'est le premier contre-sommet purement écolo», se réjouit-elle. La crise a jeté des «passerelles» entre l'environnement et le social, analyse-t-elle. «On a la responsabilité de ne pas faire éclater ce mouvement.» Reuters Mieux comprendre la climatologie La climatologie est l'étude du climat à long terme : elle analyse la succession des conditions météorologiques sur de longues périodes, contrairement à la météorologie qui étudie le temps à court terme. Cette discipline s'intéresse plus particulièrement à l'étude et à la classification des différents climats, mais analyse aussi leurs interactions avec l'homme. Elle utilise des relevés météorologiques historiques et de nombreux paramètres comme les gaz à effet de serre pour prévoir notamment les changements climatiques. Différents éléments apparaissent dans le système climatique, mais le plus important est sûrement l'atmosphère, enveloppe gazeuse fondamentale nous permettant de respirer. L'effet de serre est à la base un processus naturel d'absorption de la chaleur émise par le soleil : il est dû à la présence de gaz à effet de serre (GES) dans l'atmosphère. Aujourd'hui, une concentration trop importante de ces gaz provoque un réchauffement climatique : le rayonnement solaire réchauffe davantage l'enveloppe gazeuse de notre planète, modifiée par les rejets anthropiques de GES. Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) affirme que 90% du réchauffement climatique serait d'origine humaine. Pour les experts, le doute n'est plus permis : une diminution de moitié des rejets de gaz à effet de serre d'ici à 2050 est capitale pour la sauvegarde de notre planète.