Le soutien franc de l'Elysée au plan d'autonomie marocain contenu dans son communiqué de jeudi dernier a fortement contrarié les responsables sahraouis. Dans ce communiqué, l'Elysée a «salué la proposition du royaume [marocain] d'une large autonomie dans le cadre d'une solution politique sous les auspices des Nations unies». Les Sahraouis ont affirmé via leur président, M. Mohamed Abdelaziz, que le positionnement du président français, Nicolas Sarkozy, en faveur de la proposition marocaine d'autonomie du Sahara occidental est en contradiction avec la légalité internationale. Dans une déclaration rapportée vendredi par l'agence de presse sahraouie SPS et relayée par l'agence de presse algérienne APS, le secrétaire général du Front Polisario a soutenu qu'il «était regrettable de constater que le gouvernement français fasse l'éloge de la proposition marocaine d'autonomie du Sahara occidental, quand celle-ci n'est qu'une proposition pour légitimer un fait accompli colonial et qui bat en brèche le droit et la légalité internationale». Le président de la RASD a regretté que le président français ait omis de faire référence à la proposition de paix faite par le Front Polisario et qui est sur la table des négociations aux Nations unies, au même titre, a-t-il dit, que la proposition marocaine. Il a également souligné que la proposition sahraouie «repose sur le respect de la légalité internationale et l'application du droit international, notamment par la mise en œuvre du droit universel et inaliénable à l'autodétermination du peuple sahraoui consacré par la charte et les résolutions de l'ONU». Le président sahraoui a assimilé le positionnement du président français à une «attitude partisane», le qualifiant de «parti pris déconcertant» avec l'expansionnisme marocain qui s'écarte, a-t-il relevé, de la «neutralité positive» qui sied à un pays membre du Conseil de sécurité. Contrairement à ce que défend l'Elysée dans son communiqué de jeudi, M. Abdelaziz a rappelé à l'intention de Paris que «les lois marocaines ne peuvent pas être appliquées au Sahara occidental». Il a ajouté dans ce cadre : «Prétendre que la législation marocaine doit prévaloir dans le territoire du Sahara occidental en attendant que soit réglé le statut définitif du territoire, c'est se situer en porte-à-faux du droit et de la légalité internationaux». Le président Abdelaziz ne manquera pas de qualifier la position de la France de positionnement «inacceptable, voire dangereux», puisque le Maroc «est une puissance occupante du Sahara occidental». Le Maroc ne dispose à cet effet, a rappelé le président sahraoui, «ni de pouvoir d'administration ni de celui de souveraineté au regard du droit international», comme stipulé dans les textes de l'ONU, de la Cour internationale de justice et le verdict de 2002 du secrétaire général de l'ONU chargé des affaires juridiques, M. Hans Corell. Saluant l'intervention personnelle du président Sarkozy auprès des autorités marocaines en faveur d'Aminatou Haidar, qui a été «plus que pertinente», car contribuant «aux efforts visant à mettre un terme à la situation insoutenable» de cette militante, M. Abdelaziz a exprimé son souhait de voir la France «reconsidérer les propos qui confondent l'opinion internationale et contrarient l'œuvre de paix engagée au Sahara occidental». G. H. Aminatou Haidar : «Mes positions ne se vendent pas aux enchères» La militante sahraouie des droits de l'Homme, Aminatou Haidar, a déclaré vendredi sur la chaîne France 24 que ses positions «ne se vendent pas aux enchères» et qu'elle n'avait offert aucune contrepartie au pouvoir marocain pour son retour dans la nuit de jeudi à vendredi dans son pays, au Sahara occidental, ont rapporté des agences de presse. «Il n'y a pas eu de conditions ni de contrepartie, mes positions ne se vendent pas aux enchères», a affirmé la militante sahraouie qui a fait une grève de la faim de plus d'un mois aux Canaries en Espagne suscitant la solidarité internationale. «J'ai été informée hier par le président du gouvernement espagnol José Luis Zapatero, j'ai été transportée dans un avion spécial à la ville occupée de Laayoune», a-t-elle ajouté à la chaîne française qui l'interrogeait après son arrivée dans la capitale du Sahara occidental. G. H.