Photo : Zoheïr Par Abderrahmane Semmar L'hiver menace d'aggraver sérieusement le bilan macabre des accidents de la route. C'est en tout cas ce que craint la Protection civile qui appelle à sensibiliser les citoyens pour éviter les drames qui surviennent quotidiennement sur nos routes. «Chaque jour, nous recensons 10 à 11 morts et une vingtaine de blessés dans au moins 8 accidents. Ce bilan que nous enregistrons ces derniers temps risque d'augmenter en hiver car la baisse de la visibilité, le comportement irresponsable des conducteurs et l'état des routes sont des facteurs dangereux», prévient le commandant Achour de la direction générale de la Protection civile, lequel estime par ailleurs que la «pénalisation des délits routiers» ne peut suffire pour lutter contre «l'hécatombe routière». «C'est la formation qui manque cruellement dans nos auto-écoles. Dans beaucoup d'accidents de la route, des jeunes possesseurs de nouveaux permis sont impliqués. Je ne comprends pas pourquoi on ne prend pas dès lors en charge le volet de la formation dans les auto-écoles. Le permis professionnel qui existe théoriquement n'est toujours pas mis en œuvre. Dans ce contexte, vous avez des jeunes qui conduisent en plein centre-ville des camions-citernes avec 28 mille litres de carburant sans connaître la moindre consigne de sécurité !» s'indigne notre interlocuteur qui met également en cause les types de véhicules commercialisés en Algérie. «L'état du véhicule est pour beaucoup de choses dans les terribles accidents de la route que nous relevons chaque jour. Sur le marché, des véhicules ne disposant d'aucun système de sécurité sont en train de circuler sans que cela ne préoccupe personne», réagit encore le commandant Achour dont les troupes, les agents de la protection civile, sont à chaque fois mobilisées sur les routes ensanglantées par les horribles accidents, lesquels peuvent être qualifiés tout bonnement, et ce n'est là guère une exagération de carnage. Il est à souligner à ce propos que de nombreux experts de la sécurité routière sont montés récemment au créneau pour dénoncer le non-respect des normes de sécurité admises de par le monde entier par plusieurs concessionnaires automobiles. «Dans notre pays, l'Airbag et l'ABS constituent toujours des options pour lesquelles le citoyen doit débourser de l'argent s'il veut rouler avec une voiture équipée par un système de sécurité, ce qui est anormal car ces équipements sont considérés dans le monde entier comme des équipements de base et non pas des options supplémentaires», signalent-ils d'un commun accord en exigeant la promulgation d'une loi qui oblige les concessionnaires automobiles à intégrer et à généraliser certains équipements de sécurité parmi les équipements de série. Une telle mesure aurait pu sauver à coup sûr la vie de nombreux citoyens qui ont péri tragiquement sur des véhicules, lesquels n'auraient jamais pu être commercialisés dans un pays soucieux, un tant soit peu, de la sécurité de ces automobilistes. «Une voiture de base dépourvue d'Airbag, d'ABS ou des barres latérales de protection ne peut en aucun cas être mise en vente. Sinon, cela serait une atteinte même à la sécurité de la personne», nous précise-t-on. On le voit bien, le bilan macabre de l'hécatombe routière n'est pas une fatalité. Et si les autorités publiques imposaient pour de bon le respect strict des normes de sécurités prescrites dans les autres pays du monde, bien des vies seraient épargnées.