Le président de transition malgache Andry Rajoelina a nommé dimanche dernier le colonel Albert Camille Vital nouveau Premier ministre avec effet immédiat, pour la seconde fois en 48 heures, selon un décret. Ce décret indique que «les vice-Premiers ministres, les ministres et les secrétaires d'Etat déjà nommés, en attendant la nomination du gouvernement, restent en place». Vendredi dernier, M. Rajoelina avait publié un décret par lequel il nommait Cecile Manorohanta, alors vice-Premier ministre chargée des Affaires intérieures, comme Premier ministre et chef du nouveau gouvernement de transition. Un autre décret publié le même jour annulait la nomination d'Eugène Mangalaza comme chef du gouvernement, alors que les quatre parties malgaches en discussions sous la houlette internationale s'étaient mises d'accord sur son nom en octobre dernier dans le cadre d'un accord de partage du pouvoir. Le décret publié dimanche dernier n'indique pas le motif du remplacement de Mme Manorohanta par le colonel Vital. Aussitôt après sa nomination, le colonel Vital a présidé son premier Conseil des ministres. M. Rajoelina, 35 ans, ancien maire d'Antananarivo, qui a renversé le président Marc Ravalomanana avec le soutien de l'armée, le 17 mars dernier, a annoncé, cette semaine, l'organisation d'élections législatives pour mars prochain. Face à ces nominations unilatérales, l'opposition a affiché son désaccord en reprochant à l'homme fort de Madagascar d'ignorer les compromis négociés sous médiation internationale, en révoquant un Premier ministre de consensus après avoir convoqué unilatéralement des élections législatives. Aucune de ces décisions n'était prévue dans le calendrier de transition politique, auquel M. Rajoelina et les trois principales mouvances d'opposition malgaches s'étaient ralliés lors de négociations à Maputo en août et à Addis-Abeba en novembre. «Si Andry Rajoelina s'éloigne de la charte de Maputo, il abroge lui-même sa présidence, car son titre n'a été confirmé qu'à Addis-Abeba», a déclaré l'ancien président Albert Zafy lors d'une conférence de presse. L'accord obtenu à Maputo et précisé à Addis-Abeba prévoyait un partage temporaire du pouvoir entre les quatre principales forces du pays, en attendant une élection présidentielle d'ici fin 2010. M. Zafy s'est retourné vers l'armée, en appelant à sa neutralité. «Si l'armée est neutre, qu'elle ne nous lance pas des lacrymogènes s'il vient à venir la récupération des ministères ou autres institutions. Qu'elle se place réellement en tant qu'armée républicaine. Le cas échéant, qu'elle se prononce sur sa position politique.» «S'écarter de la transition n'est pas une solution», a estimé de son côté Fetison Rakoto Andrianirina, chef de la mouvance de l'ancien président Marc Ravalomanana, chassé du pouvoir au profit de M. Rajoelina en mars dernier. M. Andrianirina ajoute cependant que «l'abrogation de la nomination d'Eugène Mangalaza, le Premier ministre consensuel, est un début de reconnaissance d'erreur de la part d'Andry Rajoelina» car «les termes du consensus ne pouvaient pas être validés par décret». R. I.