Le succès de n'importe quelle entreprise culturelle dépend, en définitive, de sa perception et de son aura auprès du grand public. C'est à ce niveau ultime que se dessine toute consécration. Mais pour cela, l'œuvre doit d'abord toucher cette majorité, aller à la rencontre de ce juge suprême qui tranchera en définitive. Les relais associatifs ont, à ce propos, un rôle de première importance à jouer. Créer des espaces permanents d'animation et de débats, participer à la promotion régulière du fait culturel, nouer des liens entre les créateurs et leurs auditoires, instaurer des rencontres à cet effet. Une lourde tâche à laquelle s'attellent les animateurs du «Café littéraire» à Béjaïa. Ce forum bimensuel s'emploie, depuis près de trois ans, à rassembler régulièrement tous les acteurs de la sphère culturelle et intellectuelle. Le large public, les artistes, les universitaires et les amateurs y trouvent une exceptionnelle opportunité d'échange et de transmission. Le rendez-vous est conçu comme une table ronde où des invités, sollicités pour débattre d'un thème défini, sont confrontés directement à la base. Le concept intéresse bien évidemment les deux parties qui se retrouvent, ainsi, face à face, sans intermédiaire aucun, pour des discussions souvent passionnées. De nombreuses personnalités culturelles ont déjà défilé au «Café littéraire» de Béjaïa pour exposer leur travail, répondre aux questionnements que cela suscite et noter les remarques et les critiques émises. Rachid Boudjedra, Kamel Bouamara, Hocine Bellaloufi, Mustapha Benfodil, Tahar Ould Amar, Brahim Hadj Slimane, Boujemaa Karèche, José Lanzini, Bouziane Ben Achour, Tassadit Yacine, Paolo Odorico et tant d'autres encore ont déjà marqué de leur empreinte ce forum littéraire et artistique qui s'impose, désormais, comme un petit événement ayant son charme exceptionnel, une escale rafraîchissante. Malgré le manque de moyens et l'absence de sponsors, les animateurs de cette rencontre ne désespèrent pas, et se démènent comme ils peuvent pour maintenir le flambeau allumé, «notamment en matière de respect de la périodicité, d'une part, et de la qualité des affiches offertes, ensuite», précise Kader, journaliste et animateur du forum. Son compère Nordine, plasticien et infographiste, regrette le manque d'intérêt des entrepreneurs et des hommes d'affaires à subventionner ce genre d'entreprises culturelles. «La maison de la culture et le Théâtre régional abritent pour le moment nos activités. Nous avons besoin d'aide pour la prise en charge de nos hôtes parmi les écrivains et personnalités culturelles», explique Nordine, en relançant l'appel à l'adresse des milieux d'affaires afin de subventionner et de soutenir cette initiative qui a déjà gagné l'estime du public. Pour élargir le cercle de ses adeptes, «le Café littéraire» se rapproche aussi des milieux scolaires et universitaires. Un choix qui serait dicté par l'attention particulière des étudiants et des lycéens à ce projet depuis son lancement.