Les électeurs japonais ont écrit une nouvelle page d'histoire en votant massivement pour l'opposition, mais il s'agit plus d'un rejet des conservateurs au pouvoir depuis un demi-siècle que d'une adhésion franche au Parti démocrate du Japon (PDJ), a estimé la presse d'hier. Le parti centriste dirigé par Yukio Hatoyama, qui n'a aucune expérience du pouvoir, va devoir se mettre au travail sans tarder pour répondre aux espoirs de la population en relançant la croissance économique et en introduisant de réels changements, écrivent les principaux quotidiens japonais. “La volonté du peuple a provoqué un raz de marée en faveur du PDJ”, relève l'Asahi Shimbun dans un éditorial. “Mais est-ce que cela témoigne d'une confiance dans un gouvernement PDJ ? La réponse est probablement non.” Les électeurs sont “pleins d'espoirs, mais aussi inquiets” à propos du nouveau gouvernement, ajoute le quotidien de centre-gauche. Le quotidien régional Tokyo Shimbun ne croit pas, pour sa part, que la victoire écrasante du PDJ signifie “une reconnaissance de sa capacité à diriger un gouvernement”. “Il serait plus raisonnable de penser qu'il s'agit d'un raz de marée en faveur de la meilleure des deux alternatives”, écrit-il dans son éditorial. Le quotidien conservateur Sankei Shimbun pense, lui aussi, que “les électeurs ont voulu punir le PLD plutôt qu'approuver le programme du PDJ”. Le Yomiuri Shimbun, plus grand journal japonais, pense que la population “est assez inquiète” de l'inexpérience du parti centriste. “Ils ont eu du succès avec leur slogan en faveur d'un changement de pouvoir. Maintenant que le rêve s'est réalisé, ce qui est important c'est de voir comment ils vont gérer un gouvernement dans la réalité”, souligne le quotidien conservateur. Le quotidien de langue anglaise Japan Times rappelle que “le PDJ prend les rênes du gouvernement dans des conditions économiques difficiles”. “La route qui est devant lui sera escarpée. Face à ce défi, M. Hatoyama va devoir faire preuve d'un esprit de décision avec une vision à long terme”, écrit-il. Les démocrates ont récolté 308 sièges sur les 480 que compte la Chambre des députés, selon les projections des médias. Cette victoire met fin à 54 ans de règne hégémonique du Parti libéral démocrate (PLD, droite) sur la vie politique japonaise.