Le Japon change une nouvelle fois de Premier ministre. Yukio Hatoyama, Premier ministre de centre gauche, lâché par un des partis de sa coalition, a annoncé hier sa démission. Après avoir vu sa cote de popularité plonger au-dessous des 20% en 9 mois, il a dû jeter l'éponge. Le vice-Premier ministre Nato Kan paraît, selon les médias nippons, comme le candidat le mieux placé pour lui succéder. Lors d'une réunion des principaux responsables de sa formation, le Parti démocrate du Japon (PDJ), le désormais ex-Premier ministre a déclaré qu'il avait également demandé la démission du secrétaire général du parti Ichiro Ozawa, inquiété à plusieurs reprises par la justice pour financement occulte. «Le travail du gouvernement n'a pas été bien compris du public. Nous avons perdu son écoute», a-t-il reconnu. M. Hatoyama avait remporté triomphalement les élections législatives en août dernier et avait été élu au poste de Premier ministre le 16 septembre. Crédité d'un taux de popularité de plus de 70% au début de son mandat, il a très rapidement entamé une dégringolade dans les sondages en raison essentiellement de ses volte-face et de son manque de décision. La lune de miel n'a pas duré. Yukio Hatoyama a trébuché, une première fois en début de mandat, sur des affaires de financement occulte. Indulgente et d'une certaine manière habituée, l'opinion publique a pardonné. En revanche, elle n'a pas admis qu'il revienne sur une promesse électorale. Le candidat de centre gauche s'était, en effet, engagé à déménager une base militaire américaine située sur l'île d'Okinawa dans le sud de l'archipel. Devant le refus catégorique des Etats-Unis, le chef du gouvernement a dû faire marche arrière et avouer son impuissance. La gestion catastrophique de ce dossier a conduit à l'éclatement de la coalition gouvernementale et à la chute de la maison Hatoyama. En ce qui concerne les raisons de son départ, il en citera deux. D'abord sa gestion désastreuse du déménagement de la base américaine de Futenma sur l'île d'Okinawa dans le sud du pays et, ensuite, les scandales de financement occulte qui ont également éclaboussé son entourage. Selon l'agence de presse nippone, le PDJ devrait se réunir demain pour élire un nouveau président, qui sera ensuite soumis au vote des deux chambres du Parlement. La pression montait depuis plusieurs jours sur Yukio Hatoyama, dont la cote de popularité avait chuté en dessous des 20% d'opinions favorables. Plusieurs responsables du PDJ réclamaient son départ afin de sauver les chances des candidats de la majorité aux élections sénatoriales du 11 juillet prochain. Les Japonais, quant à eux, lui reprochent essentiellement d'avoir rompu sa promesse électorale de retirer la base de Futenma d'Okinawa. Ce renoncement a fait voler en éclats la coalition gouvernementale tripartite de centre gauche formée entre le PDJ et deux petites formations. Le Parti social-démocrate (PSD), opposé au maintien de la base aérienne de Futenma, a quitté le gouvernement vendredi dernier et rejoint l'opposition. «La coopération entre le Japon et les Etats-Unis est indispensable pour la paix et la sécurité dans l'Asie de l'Est et j'ai été contraint de demander aux habitants d'Okinawa, à mon grand regret, de supporter le fardeau», a-t-il dit. «Il est extrêmement regrettable que les sociaux-démocrates aient été obligés de quitter le gouvernement», a-t-il ajouté. Evoquant les transferts illicites d'argent en politique, Yukio Hatoyama a présenté ses «excuses à tous les élus qui ont souffert des conséquences de ces actes». «Il faut reconstruire un PDJ plus propre, revenir au PDJ en qui le peuple puisse avoir confiance», a-t-il déclaré, ajoutant que «Ozawa aussi a compris». Ichiro Ozawa est considéré comme l'éminence grise du PDJ. Il a été inquiété par la justice à plusieurs reprises, mais n'a jamais été mis en examen. Deux de ses ex-collaborateurs ont été inculpés de financement occulte de son fonds de soutien fin 2009, mais la justice a estimé que lui-même n'était pas au courant de ces malversations. G. H.