De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar En guise de protestation, les villageois d'Iguemounène ont fermé lundi dernier le siège de la mairie de Bouhamza, dans la région d'Akbou, pour dénoncer la sourde oreille et le laxisme des élus locaux par rapport à une série de problèmes qu'ils n'avaient cessé de leur soumettre ces dernières années. Le revêtement de l'unique route du hameau, la réalisation d'un réseau d'assainissement, la levée des ordures ménagères et l'acquisition d'un transformateur pour remédier aux coupures itératives de courant électrique constituent les principales doléances émises par les protestataires. Invoquant d'intenables difficultés financières, l'APC sollicite, de son côté, la patience des administrés en leur promettant d'aplanir progressivement les situations soumises. Le conflit demeure entier. Le même jour, des souscripteurs à un quota de logements socioparticipatifs (LSP) ont également bloqué le siège de la daïra de Darguina, dans la région de Kherrata, pour s'opposer à la revalorisation, jugée excessive, qui leur a été unilatéralement appliquée par leur promoteur. Initialement fixé à 2 millions de dinars l'unité, le prix unitaire de ces appartements s'est subitement envolé de 80 millions de centimes. L'atelier lancé en 2007 a connu, en effet, beaucoup de retard. Le taux d'avancement des travaux est à seulement 25%. Les mécontents, qui ont recouru dans un premier temps à l'arbitrage de l'administration locale, refusent d'assumer seuls les frais engendrés. Là encore, le bras de fer risque sérieusement de perdurer. Au chef-lieu de wilaya, les commerçants de Souk El Asser refusent de «décamper» pour permettre à l'entreprise, chargée du réaménagement des lieux, d'installer le chantier. Ils craignent de perdre leurs emplacements une fois la réfection achevée. Une crise de confiance persistante malgré les garanties verbales des autorités locales. Il y a de cela quelques jours, des habitants de Taourirt Ighil (Addekar) avaient paralysé l'activité de la mairie en accusant les élus locaux de «favoritisme» dans la gestion de l'aide sociale consacrée aux chômeurs et aux démunis. L'Assemblée populaire communale s'en défend en évoquant l'insuffisance des enveloppes financières dégagées à cet effet. Les conflits similaires sont légion. Des mouvements de protestation de cette nature ont été enregistrés dans la quasi-totalité des communes de la wilaya. La réfection des routes, l'alimentation en eau potable, l'hygiène publique, le raccordement au réseau de gaz de ville, le transport, le ramassage scolaire, les problèmes soulevés ici et là relèvent, pourtant, de l'élémentaire. Les rapports entre les responsables et les administrés sont conséquemment aléatoires. Les dysfonctionnements des services publics chargés de ces dossiers, le peu d'intérêt pour la chose publique et l'inculture ambiante ont fait de nos villes et villages des dépotoirs d'ordures où il est difficile de mener une vie tranquille. Désabusés par tant de promesses non tenues, les citoyens veulent, désormais, du concret. Les Assemblées populaires communales sont plus que jamais interpellées pour se remuer afin d'honorer leurs engagements envers les populations. La société civile, à travers les associations et les comités de village, est aussi appelée à s'y impliquer et à s'organiser en conséquence. Former les maires, les inciter à travailler et à prendre des initiatives sont une bonne chose. Mais, il faut aussi leur attribuer des prérogatives supplémentaires et des moyens financiers conséquents pour pouvoir les astreindre, ensuite, à une obligation de résultat. Le citoyen est aussi appelé à respecter la chose publique. Il doit également apporter sa pierre à l'édifice du bien-être collectif.