De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar Le maire de la commune de Taourirt Ighil, sur les hauteurs de la ville d'El Kseur, vient de lancer un appel aux populations locales pour définir leurs priorités et leurs attentes en matière de développement local. L'invite s'adresse notamment aux comités de village et porte essentiellement sur la répartition d'une enveloppe de 3,5 milliards de centimes, attribuée à l'APC dans le cadre des programmes communaux de développement (PCD). Cette façon de procéder vise, selon l'édile municipal, à situer les urgences de chaque hameau pour permettre aux élus de parer au plus pressé. Il va sans dire que la consultation et le dialogue, ainsi engagés, participent aussi à prévenir les différends qui pourraient conséquemment surgir entre les administrés et leur tutelle. Au chef-lieu de wilaya, la même méthode de travail a été aussi adoptée par la mairie dans l'installation de 587 nouvelles niches d'ordures ménagères. Les représentants des cités et des quartiers de la ville ont été conviés à une séance de travail pour examiner toutes les défaillances du système d'hygiène mis en place. La répartition des poubelles s'est faite de manière à satisfaire tous les délégués et un rendez-vous a été pris pour distribuer un autre quota dans les prochains jours. Depuis son installation, l'APC de Tinebdar à Sidi Aïch s'est dotée d'un conseil consultatif, représentant tous les villages de la commune, pour l'assister dans tous ses actes de gestion quotidiens. Les membres de ce conseil participent aussi, en qualité d'observateurs, aux délibérations de l'Assemblée communale avec la possibilité de participer aux débats. Le procédé, qui contribue visiblement à réduire les tensions et les malentendus entre les citoyens et leurs représentants, s'étend depuis des mois aux autres communes de la wilaya. Des rencontres similaires sont organisées çà et là pour présenter tous les projets et associer les citoyens à la prise de décision. Il arrive cependant que la préoccupation émise dépasse les prérogatives de l'APC. Cette dernière agit alors en intermédiaire pour dénouer la crise ou du moins atténuer son intensité. Ce changement notable dans la gestion des affaires de la proximité obéit à une nouvelle réalité induite par la radicalisation de ces comités de village ou de quartier. Pour bousculer la léthargie des responsables locaux, les associations de citoyens adoptent depuis un certain temps des attitudes franchement offensives. A défaut d'une réponse convaincante ou d'une promesse ferme, les populations recourent de plus en plus à des actions «radicales» pour exposer leurs problèmes ou dénoncer un cas de mauvaise gestion. Cela va de la fermeture pure et simple du siège de la mairie ou de celui de la daïra, à la barricade dressée sur la route qui traverse la localité en cas de sourde oreille prolongée des institutions concernées. Ces mouvements de protestation organisent aussi des marches, des meetings et des rencontres avec la presse pour dire clairement leurs préoccupations et «épingler» publiquement les décideurs locaux. Les exemples de ce genre sont légion. A Darguina, Oued Ghir, El Kseur, Kherrata ou Tazmalt, les populations mécontentes ont déjà procédé à la fermeture des principaux axes routiers pour faire entendre leur voix. Les coupures récurrentes de l'alimentation en eau potable, la dégradation des routes, les problèmes d'hygiène publique, le sous-équipement des écoles en moyens pédagogiques, l'abandon des salles de soins de proximité, le manque de transport, et l'insuffisance des moyens dégagés pour le ramassage scolaire sont autant de revendications qui se trouvent, ainsi, périodiquement remises au goût du jour. Même au chef-lieu de wilaya, les résidants des différents quartiers périphériques perdent parfois patience et entreprennent des actions spectaculaires. A Ighil Ouazzoug, Ihaddaden Oufella, Laâzib Oumameer, la vieille ville, Sid Ali Lebhar, les citadins recourent aussi à l'espace public pour réclamer un cadre de vie sain, des conditions de sécurité adéquates ou la réfection du vieux bâti qui menace ruine. On ne se limite plus à adresser des correspondances écrites à qui de droit, on force désormais les portes capitonnées des responsables locaux. De nouveaux rapports sont en train de se créer dans ce registre. Le dialogue, la consultation et la transparence gagnent des points. C'est de bon augure.