Photo : S. Zoheïr Par Mekioussa Chekir S'il est difficile de cerner précisément l'ampleur et les proportions du marché informel en Algérie, de par la nature de ses activités précisément, la prise en charge de ce fléau s'impose toutefois à travers des mesures susceptibles de l'endiguer à défaut de l'éradiquer définitivement. Et c'est là l'un des principaux défis de l'économie algérienne, une économie gangrenée par cette pratique qui, au lieu de ralentir, ne cesse de connaître un développement perpétuel. En 2008 déjà, les services du ministère du Commerce évaluaient ce marché à environ 55 milliards de dinars, soit l'équivalent de 900 millions de dollars. Ce montant, avait-on expliqué alors, comporte d'importantes charges fiscales et parafiscales qui échappent au Trésor public et aux caisses d'assurances. Selon le président de la Chambre algérienne de commerce et d'industrie (CACI), Brahim Bendjaber. Ce dernier avait averti qu'à l'époque déjà, il existait quelque 450 marchés informels à travers le territoire national avec plus de 90 000 intervenants, soit un taux de 9% du nombre global des inscrits au registre du commerce. «C'est un danger parce qu'une activité qui ne paye pas d'impôts exerce une concurrence déloyale pour une activité déclarée. Il y a péril en la demeure en ce qui concerne les entreprises qui ont pignon sur rue», avait-il expliqué pour tirer la sonnette d'alarme. Face à cette situation, a-t-il alors préconisé, l'allégement des charges fiscales et parafiscales des entreprises et la bancarisation de l'économie nationale constituent la solution idéale. L'économie informelle a pris de l'ampleur ces derrières années dans notre pays, portant un lourd préjudice au Trésor public. La démarche des pouvoirs publics en vue de lutter contre ce fléau s'est concrétisée, entre autres, par la création de l'impôt forfaitaire unique qui concernait à l'époque plus de 800 000 petits commerçants et qui impose les gens sur un taux de 6% sur un minimum de 3 millions de dinars de chiffre d'affaires. La démarche avait été jugée insuffisante par ce responsable qui avait souhaité voir le taux d'imposition de cet impôt forfaitaire unique ramené de 6 à 3%. La CACI avait également plaidé pour la réduction de l'impôt sur le bénéfice (IBS) à 12,5% et la réduction de l'IRG à 10% pour encourager la création d'entreprises exerçant dans un cadre légal. D'autres spécialistes ont plaidé lors de séminaires et autres conférences consacrés à cette question pour que l'Etat prenne d'autres dispositions autrement plus sévères pour freiner «l'hémorragie». Ils partent du principe que le marché informel «constitue de fait des zones de non-droit» et qu'il «est plus puissant que l'administration fiscale». Le préjudice des activités informelles ne pénalise pas uniquement le Trésor public mais représente une menace au bien-être et à la santé du consommateur, en ce sens que les produits contrefaits sont en tête de liste des articles circulant à travers ce circuit.