Encore une année qui s'écoule, laissant derrière elle des exploits, des lacunes et comme un goût d'inachevé sur la scène culturelle algérienne. Les attentes et les besoins sont nombreux pour une réelle diffusion et une socialisation de la culture. Et ce n'est pas cette culture de circonstance et ces manifestations conjoncturelles que sont les festivals et Salons, certes nombreux, auxquels la tutelle accorde des budgets faramineux, qui généraliseront la consommation de la culture. Les festivals qu'on institutionnalise et les manifestations artistiques qu'on instaure ne sont que des pics événementiels qui ne peuvent en aucun cas garantir le développement culturel. En fait, c'est entre ces pics que l'action devra porter pour combler ces vides culturels. Il n'est pas nécessaire d'être grand clerc ou fin observateur pour déceler ce dysfonctionnement qui se caractérise par le manque, voire l'absence de structures d'accueil dans de nombreux centres urbains, quartiers, périphériques, villages, et même villes. Et quand les infrastructures culturelles existent, c'est souvent le public qui fait défaut. Hélas, bien que cela saute aux yeux, les autorités concernées n'ont encore rien fait, ou si peu, pour donner à tout citoyen algérien, où qu'il soit, l'opportunité de consommer, à satiété et selon ses choix, de la culture, et cela en privilégiant les activités culturelles de proximité et en construisant les lieux culturels nécessaires et qui seraient accessibles au commun des Algériens. Dans les quartiers de la capitale, à maintes reprises, des jeunes ont exprimé leur besoin d'avoir un lieu où ils pourraient pratiquer les arts, s'y initier ou tout simplement les apprécier. Jadis, le premier contact avec l'art se faisait à l'école grâce à des cours de dessin, de musique, de théâtre donnés par de véritables professionnels pouvant éduquer et initier les petits et non pas des instituteurs à la formation approximative. La réforme de l'éducation a emporté tout cela. Les arts et la culture ont disparu de l'école, ne laissant derrière eux que des ersatz et toute une génération d'enfants victimes d'une déculturation qui ne dit pas son nom mais dont les effets dévastateurs sont visibles à travers les mutations sociales et comportementales. Pourtant, la société algérienne peut sortir de son coma culturel artificiel si on y met les moyens. Et ce n'est pas là la mission du seul ministère de la Culture. Il a, certes, une grande part et beaucoup de responsabilités, mais même s'il les assumait pleinement, les résultats n'en seraient pas pour autant concluants. Son action est nécessaire mais pas suffisante. D'autres ministères (Education, Intérieur, Finances, Tourisme, PME…) ont un rôle à jouer et, sans leur implication, la diffusion et la socialisation de la culture resteront un vœu pieux qu'on formulera pour 2010 comme on l'a fait pour les années précédentes, sans pour autant qu'il se concrétise, d'ailleurs, d'où sa reformulation chaque début d'année… Pour se convaincre de la nécessité et de la portée de la multisectorialité, il suffit de prendre l'exemple du 2ème Festival panafricain qui a vu tous les ministères concernés travailler de concert, en parfaite complémentarité. Quant à la culture de proximité, l'implication de certaines APC pour accueillir des spectacles du Panaf 2009 a montré son importance. Pourtant, de nombreuses scènes n'étaient que circonstancielles, pour cause d'absence d'infrastructures, c'est dire leur nécessité. Or, il y a des lieux culturels qui sont à ce jour squattés, détournés de leur vocation ou tout simplement fermés et abandonnés à leur triste sort. Jusqu'à quand la culture devra-t-elle payer les errements de responsables qui n'ont aucune idée de a valeur et de l'importance de la culture ? Jusqu'à quand nos enfants resteront-ils marginalisés et obligés de museler leur créativité ? Quand les jeunes auront-ils enfin des espaces où ils pourront rencontrer les arts et les artistes ? Quand le théâtre s'invitera-t-il dans nos rues et nos quartiers ? Quand le 7ème art reviendra-t-il dans ses salles fermées ? Beaucoup de questions pour ce début de 2010. Quant aux réponses, on les attend comme on l'a fait jusqu'à aujourd'hui, en espérant qu'on sera mieux servis que Godot… W. S.