En gestation depuis des mois, la nouvelle grille de salaires des cadres et travailleurs de Sonatrach a été mise au point. Et il est attendu qu'elle entre en vigueur, au plus tard, en automne. Le réajustement des revenus salariaux des pétroliers dont il est question aujourd'hui est né, toutes proportions gardées, d'une crise, d'une hémorragie dans les ressources humaines de la compagnie nationale des hydrocarbures. Dans une industrie pétrolière à forte valeur ajoutée, la compétence se paye, une devise, une exigence, que Sonatrach ne voulait pas jusque-là introduire dans ses tablettes, pour diverses raisons. Résultat, des ingénieurs, des techniciens chevronnés, formés au prix fort, lui tournent le dos, s'en séparent, pour aller proposer leurs services au plus offrant parmi les géants pétroliers et gazier au Moyen-Orient ou dans d'autres régions du globe. C'est une réalité connue des initiés. Les départs enregistrés ces dernières années sont importants en nombre. Ils ont affecté davantage la division forage, la plus touchée. Il faut dix ans pour former un superviseur de forage, un profil très demandé. A compétence égale, un superviseur de forage à Sonatrach perçoit un salaire largement inférieur à celui d'un Américains d'Andarko ou d'un Australien travaillant pour le compte de Qatar Gas, par exemple. Les gains salariaux ne se prêtent même pas à la comparaison. Chaque compagnie s'en fait la conception qu'elle veut, disent certains. Et puis, la mobilité est chose normale dans la Bourse de l'emploi ; elle touche toutes les compagnies, avancent d'autres. En revalorisant ainsi les salaires, la compagnie nationale des hydrocarbures veut s'épargner une crise. L'a-t-elle fait à temps ? Et est-ce suffisant ? Parce qu'elle se savait déloyalement concurrencée sur le terrain des rémunérations, Sonatrach a mis en place un ensemble d'avantages sociaux que beaucoup de sociétés étrangères n'ont pas ou qu'elles font mal. Manière de se différencier de ce que font les autres ? Elle a également mis en marche un processus de rénovation et de modernisation de la fonction «ressources humaines». Ce faisant, Sonatrach se projette dans une stratégie à long terme en matière de formation. Elle a, dans cette perspective, conféré à l'IAP, l'institut de renom qui dispensait et dispense encore des formations pour le compte du secteur de l'énergie, un nouveau statut : l'Algerian Petroleum Institute (IAP-Spa), une société par actions dont le pacte des actionnaires a été signé en janvier 2006. Dans le droit fil de modernisation, l'entreprise a introduit ce qu'on appelle le «Benchmark de la fonction formation». Elle l'a fait en partenariat avec Cegos, un organisme qui n'est plus à présenter. Ces mutations, qui sont profondes, ont été opérées dans un contexte nouveau dans le secteur pétrolier, sous-tendu depuis 2005 par une nouvelle législation. Y. S.