La centrale syndicale a déclaré hier, par la voix de son chargé des relations publiques, Abdelkader Malki (membre du bureau national du RND), que les propos du chef de la mission du Fonds monétaire international (FMI) « n'engagent que leurs auteurs ». Ce dernier avait mis en garde, dans une conférence de presse tenue dimanche dernier à Alger, contre toute augmentation salariale. Pour Abdelkader Malki, « la seule instance habilitée à s'exprimer sur l'augmentation ou non des salaires des Algériens est la tripartite qui se réunira, a-t-il expliqué, une fois que les groupes de travail auront terminé les dossiers qui leur ont été confiés ». Les délais pour la tenue de la tripartite n'ont pas été fixés, a-t-il indiqué, mais « il se pourrait qu'elle soit programmée vers la fin du mois de décembre » de l'année en cours. « Tous les propos au sujet des augmentations de salaires ne sont que de la spéculation à laquelle les travailleurs ne doivent pas prêter attention. » La tripartite a décidé de trancher cette question et c'est à elle que revient le dernier mot. Il est important de rappeler qu'un consensus collectif existe au sein de la tripartite autour de la question de l'application de l'article 87 bis de la loi 90/01... » Abdelkader Malki est revenu sur les différentes étapes de négociations dans le cadre de la tripartite et ce depuis une dizaine d'années, au cours desquelles, a-t-il noté, le salaire national minimum garanti (SNMG) a connu une augmentation de 150%. « Il est passé de 800 DA en 1990 à 10 000 DA en juin 2004. En 1994, lorsque l'Algérie était en situation de cessation de paiement avec les organismes financiers internationaux, nous avions, avec Réda Malek, chef du gouvernement, et les organisations patronales décidé de mettre en veilleuse l'application de l'article 87 bis, du fait des effets qu'elle pouvait avoir sur la trésorerie du pays. L'article en question inclut les indemnités et les primes dans le SNMG. Pour nous, il ne s'agissait pas d'augmentation salariale, mais de réajustement d'une justice sociale », a déclaré M. Malki, en précisant toutefois qu'aujourd'hui il est « plus que nécessaire que les salaires bénéficient d'un réajustement ». Notre interlocuteur trouve anormal que la loi de finances accorde des avantages très intéressants au patronat et ne prévoit rien pour les salariés, qui restent, faut-il le rappeler, les plus importants pourvoyeurs de la fiscalité. « Nous ne pouvons parler de croissance économique si le pouvoir d'achat reste aussi bas. Il y a une injustice dans le partage de la richesse. Celle-ci ne semble pas profiter à ceux qui la font. Le grand problème qui se pose aujourd'hui est l'érosion du pouvoir d'achat. Il faut reconnaître que dans le secteur économique privé, le SNMG a dépassé les 10 000 DA. Seulement, dans le secteur public, une augmentation salariale va avoir des conséquences néfastes et beaucoup risquent de fermer leurs portes. Vous savez que les charges salariales de ces entreprises sont beaucoup plus importantes que celles liées à leurs activités. D'ailleurs, c'est le patronat du secteur public qui était contre toute augmentation salariale ou application de l'article 87 bis. Le privé était tout à fait d'accord pour revoir les revenus et appliquer l'article en question. Pour nous, l'application de cette disposition est très importante parce qu'elle aura un impact direct sur les salaires... », a expliqué M. Malki. Ce dernier n'a pas manqué de rappeler les différentes études réalisées par les experts de l'UGTA sur les budgets des familles moyennes en Algérie, qui ont fait ressortir une érosion inquiétante du pouvoir d'achat en l'espace de quelques années seulement.