Il a fallu qu'un jeune Nigérian porte dans ses sous-vêtements une matière explosive, lors d'un voyage en avion entre les Pays-Bas et les Etats-Unis, pour que les vieux démons refassent surface. Et les clichés répandus en Occident après les attentats de World Trade Center en 2001 redeviennent monnaie courante. Quelques jours, donc, après cette tentative d'attentat sur le vol Amsterdam-Détroit, les pays occidentaux commencent à mettre en place des mesures de sécurité draconiennes -dont certaines virent à la théâtralisation- autour notamment des aéroports. Et avant même que la liste des personnes «à risque» ne soit véritablement établie, certains Etats, à commencer par la France, suivie par les Etats-Unis, ont déjà désigné les coupables présumés, dont les Algériens parmi d'autres ressortissants d'autres nationalités. Selon des informations émanant des services de sécurité américains, certains journaux du pays de l'Oncle Sam, notamment le très sérieux New York Times, évoquent les pays dont les voyageurs sont source de risque pour les Etats-Unis. Ces informations, non encore officielles, du moins pour l'instant, évoquent d'abord les ressortissants des quatre pays désignés par les autorités de Washington comme faisant partie de «l'axe de mal». L'Iran, la Syrie, la Soudan et Cuba sont considérés comme dangereux. En plus de ces pays, classés comme tels par les autorités américaines depuis les attentats du 11 septembre 2001, celles-ci ont rajouté d'autres nationalités, telles que l'Algérie, la Libye, le Liban, le Nigeria et l'Arabie saoudite. Le procédé des Américains, et d'autres pays occidentaux, à l'image de la Grande-Bretagne, dont le Premier ministre, Gordon Brown, a demandé l'élargissement du scanner corporel, est simple : chaque ressortissant originaire de l'un des pays cités est un suspect potentiel et, à ce titre, il doit être systématiquement soumis à une fouille minutieuse. Et lorsqu'on connaît le zèle des polices occidentales lorsqu'elles sont en face d'un «musulman», on devine que le contrôle, notamment au corps, flirte aisément avec humiliation. Cela a été vérifié depuis 2001 lorsque la lutte contre «l'islamisme» est devenue une lutte contre les musulmans et leur religion. Pourtant, les groupes armés, y compris les islamistes les plus radicaux, ont souvent trouvé refuge dans des pays comme l'Angleterre. Pire, les Etats-Unis ont longtemps soutenu des groupes armés, y compris El Qaïda, lorsque ces derniers combattaient l'armée de l'ex-Union soviétique en Afghanistan. Mais, depuis, les temps ont changé. Et ces nouvelles mesures risquent, malheureusement, d'envenimer encore plus les relations entre l'Occident et le monde dit musulman et de créer d'autres tensions, à un moment où les choses ont commencé à s'orienter vers l'apaisement. A. B.