Au moment où des milliers de travailleurs tiennent à la préservation, dans le droit et la dignité, de leur emploi, l'Office national des statistiques livre un chiffre très positif sur le taux de chômage. Dans le rapport présenté hier, l'ONS a indiqué que la population au chômage au quatrième trimestre de l'année 2009 a été estimée à 1 072 000 personnes, soit un taux de 10,2%, contre 11,3% en 2008. Les statistiques, si elles peuvent conforter la politique nationale de lutte contre le chômage, pèchent néanmoins par leur déphasage avec la réalité. Il n'y a pas forcément de l'entêtement de la part de l'ONS à livrer des chiffres plutôt proches du virtuel sur le chômage. Mais à bien y regarder, on se rend compte que des milliers de personnes qui «bricolent» sont considérées comme des travailleurs. Les présents chiffres ne sont pas de nature à rassurer dans la mesure où ils incluent les jeunes qui sont dans le pré-emploi ainsi que les contractuels de la fonction publique. Les enseignants contractuels rappellent de façon cyclique au gouvernement que des centaines de milliers de diplômés attendent toujours de passer au rang de travailleurs. L'explication donnée par le directeur général de l'ONS sur le mode de calcul du nombre de travailleurs justifie manifestement tous les soupçons qui entourent les résultats de l'enquête. «A la période de référence, même si une personne a travaillé pendant deux heures on la comptabilise», estime le premier responsable de l'ONS. Une telle explication technique jette manifestement plus de discrédit sur des chiffres qui ne traduisent pas la réalité algérienne. Cette dernière révèle, en revanche, que la politique nationale de lutte contre le chômage s'appuie sur des emplois provisoires. Or, le provisoire ne constitue jamais une assise pour tout développement durable notamment quand il s'agit de stabiliser la société. En face des chiffres, la réalité est faite de précarité et de menace de licenciement contre des milliers de travailleurs. Ce qui ne manque pas d'influencer négativement les projets de création d'emplois notamment au profit de la jeunesse, la catégorie la plus touchée par le phénomène du chômage. Promettre une lutte efficace contre le chômage ne servira personne quand on n'est pas en mesure de maintenir les postes existants. Le défi de l'emploi -le ministre du Travail promet que 2010 sera consacrée à l'évaluation du plan d'action adopté par le gouvernement dans le cadre de l'emploi et de la lutte contre le chômage-, ne se réduit pas à une arithmétique de chiffres. Le défi est cependant relevé quand on parvient à sauvegarder les postes tout en créant de nouveaux de façon à satisfaire la demande qui se renouvelle sans cesse. La valeur de toute politique d'emploi se mesure à sa capacité de générer de nouveaux postes sans qu'aucun travailleur vive le spectre du licenciement. Les chiffres virtuels servent manifestement à créer un faux employé au moment où le job réel est sérieusement menacé. A. Y.