De notre correspondant à Paris Merzak Meneceur Ancien président de l'Assemblée nationale française, ancien ministre et président de la Cour des comptes depuis 2004, M. Philippe Séguin est mort à l'âge de 66 ans d'une crise cardiaque aux premières heures de la journée de jeudi. La classe politique, toutes tendances politiques confondues, n'en finit pas de rendre hommage à une personnalité politique de grande envergure, un des derniers gaullistes authentiques.Philippe Seguin était aussi un grand ami de l'Algérie. A ce titre, l'Algérie a tenu à l'honorer de la médaille Ahid de l'ordre du Mérite national que lui a remis l'ambassadeur Missoum Sbih au cours d'une chaleureuse et émouvante cérémonie qui a eu lieu au siège de la chancellerie à Paris le 5 juillet 2006. «C'est un grand honneur de recevoir cette distinction doublement renforcée par ma présence aux côtés de la veuve d'André Mandouze», avait déclaré Séguin en soulignant que l'Algérie était à l'origine de son premier engagement politique.Ce premier engagement politique, Seguin, originaire de Tunisie, le raconte dans son livre mémoire Itinéraire dans la France d'en bas, d'en haut et d'ailleurs (Seuil, 2003). «De ces jours où j'avais commencé à comprendre que mon propre départ de Tunis était inéluctable, écrit-il, date ma conviction que l'Algérie serait elle-même bientôt indépendante […] Dès lors, quelques mois à peine après les événements de la Toussaint 1954, tout me semblait écrit. Et dès lors que l'issue était inéluctable, tout ce qui tenterait de l'empêcher ou de la retarder serait à l'origine de souffrances inutiles et hypothèquerait gravement l'avenir.» Cette prise de conscience aiguë de l'adolescent Seguin fera du jeune étudiant à Aix-en-Provence qu'il deviendra un militant pour l'indépendance de l'Algérie dans des luttes qu'il décrit longuement dans ses mémoires. L'indépendance acquise, il a 19 ans, il estime que son combat n'est pas terminé : «Je ressentais le besoin irrépressible de partir en Algérie au lendemain de l'indépendance […] les circonstances me servirent.» Pour les cours de rattrapage à l'examen du baccalauréat pour les élèves algériens, il y avait un besoin en enseignants fussent-ils encore étudiants. Seguin n'hésite pas à faire partie «des étudiants qui iraient jouer les professeurs» dès les premiers jours d'août 1962. Il donna des cours durant deux ans. «C'était une atmosphère d'attente et d'espérances», a rappelé, le 5 juillet 2006, celui qui affirmait dans ses mémoires : «[…] L'Algérie aura été le premier et sans doute le plus profond et le plus violent de tous mes engagements […].»