La CAN, c'est aussi le domaine des recruteurs. Une véritable aubaine. Cela paraît évident. Au vu de l'évolution du football africain, il va y en avoir de plus en plus dans les plus importants championnats de la planète. Tous les recruteurs ont conscience de ce vivier. Il faut savoir que les joueurs africains sont parmi les moins chers du marché. Le rapport qualité-prix est facilement perceptible A la faveur de cette 27e édition de la Coupe d'Afrique des nations qui aura lieu en Angola du 10 au 31 janvier, l'agitation qui a gagné les gradins est différente de celle qui met en ébullition les tribunes.Indépendamment des réactions suscitées par la prestation des joueurs. En effet, des observateurs, des envoyés spéciaux passés maîtres dans l'art de découvrir, de dénicher l'oiseau rare sont nombreux à effectuer le déplacement en Angola. La CAN, véritable «mercato» du football africain, est maintenant attendue. Elle l'est parce que tout d'abord, elle a eu le mérite, le grand mérite de stabiliser indirectement les prix des joueurs. C'est ensuite la valeur intrinsèque du joueur africain, avec ce qu'il offre comme large marge de progression, qui l'impose au sein de ce marché. C'est, enfin, le style qui se différencie de ceux qui sont le plus souvent formés dans les grands centres. La nouvelle réglementation de la FIFA, régissant le transfert des jeunes joueurs, en Europe surtout, a considérablement réduit les tentatives de détournement des très jeunes, on a opté pour un redéploiement des moyens de formation et d'investigation vers les pays africains. Des protocoles ont été signés avec les grands centres de formation du Mali, du Burkina et de la Côte d'Ivoire entretenus et dirigés par de grands clubs européens qui ont ainsi ouvert leurs portes à ces précieux candidats joueurs à l'état brut. Les clubs européens qui ont accepté de délocaliser une bonne partie de leur programme de formation en Afrique ont senti la bonne affaire. Les jeunes Africains et leurs parents n'ont jamais été exigeants et se contentent de peu par rapport à leurs camarades européens. C'est dire si tout le monde y trouve son compte. Même la sélection nationale du pays concerné profite de cette chasse infernale menée en dehors des frontières et qui rejaillit positivement. Il n'y a qu'à voir la liste des uns et des autres pour se rendre compte des retombées de cette politique qui, ne l'oublions pas, rejaillissent, tant au point de vue prestige que social, sur les joueurs africains. La Ligue 1 française, à elle seule, compte pas moins de 41 joueurs africains qui seront présents à la CAN 2010 en Angola. Ces derniers ont été formés au sein de leur club avant de rejoindre l'élite européenne. De toutes les façons, la situation étant telle qu'elle est et dans la mesure où chacun y trouve son compte et où les droits des uns et des autres sont préservés il n'y a, pour le moment du moins, rien à redire. La CAN a permis de revoir les éléments les plus connus du football international, du moins une bonne partie d'entre eux, entourés de quelques autres de très bonne qualité. Certains sont même des vedettes en devenir et on en a profité pour les prendre en charge, les mettre sous contrat ou sous pré-contrat. Des joueurs qui seront sans doute en mesure de rendre service à beaucoup de nos clubs dont les investissements dans ce domaine sont jugés peu rentables. Les joueurs du continent africain abordent à l'occasion de cette CAN un virage important de leur histoire en termes de carrière professionnelle et d'avenir en club ou en sélection. En termes de potentiel. Force est de constater l'évolution des équipes et leur condition physique. Ensuite, le niveau de jeu des clubs et des sélections nationales n'a cessé d'évoluer au fil du temps, permettant ainsi aux structures africaines de rivaliser avec les autres équipes de la planète. Il y a également l'aspect «bizness» qu'il ne faut pas négliger. Et à ce niveau encore, l'Afrique tente de refaire son retard. De plus, le potentiel du joueur du continent noir n'est négligé par personne au sein des clubs. Ces joueurs en font les beaux jours à l'image de Drogba, Essien, Kalou et Obi Mikel à Chelsea ; Belhadj, Yebda, Kanu et Dindane à Portsmouth ; Ziani et Matmour en Allemagne et Meghni à la Lazio de Rome, pour ne citer que ceux-là. A. R.