Portés, entre autres, par un froid sidéral sévissant en Europe et aux Etats-Unis, les cours du pétrole tournent actuellement autour de 83 dollars le baril. Le cours du baril avait atteint un plus haut de 15 mois de 83,52 dollars en raison de la vague de froid enregistrée aux Etats-Unis et en Europe, et qui a provoqué une vive hausse de la demande d'énergie pour le chauffage. D'après un prévisionniste privé, DTN Meteorlogix, cité par des agences de presse, les températures devraient rester en deçà des normales saisonnières pendant encore au moins dix jours de part et d'autre de l'Atlantique. Le pétrole est dopé également par des inquiétudes concernant la vigueur de la reprise économique à la suite de l'annonce d'une rechute inattendue du marché de l'emploi américain. L'effet négatif induit par les chiffres de l'emploi américains a été effacé par la suspension de la production d'une raffinerie canadienne à la suite d'un incendie, incident qui a, un moment, fait progresser les futures commandes en essence de plus de 1%. C'est la première fois depuis octobre 2008, que les prix du brut se hissent à plus de 83 dollars. Il faut dire que la semaine dernière était bonne sur l'ensemble des marchés. Et, ce ne sont pas les chiffres qui manquent pour illustrer une telle évolution. Malgré un rapport très mitigé sur les réserves pétrolières aux Etats-Unis (au lieu d'une baisse des réserves de brut, il a été révélé une progression des stocks de 1,3 million de barils), les prix du pétrole ont clôturé en forte hausse, mercredi dernier, après s'être propulsés à New-York au-dessus de 83 dollars pour la première fois depuis 15 mois. Le baril de «brut léger texan» (WTI), échangé au New York Mercantile Exchange (Nymex) pour la même échéance, gagnait ainsi 1,11 dollar à 82,88 dollars, après avoir grimpé jusqu'à 83,15 dollars, un niveau plus vu depuis le 9 octobre 2008. Le baril de brent de la mer du Nord pour livraison en février prenait 1,12 dollar à 81,71 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres. L'or noir profite ainsi du bon résultat de l'ISM-services aux Etats-Unis, et de l'optimisme économique outre-Atlantique, notent des spécialistes des marchés pétroliers. Le mouvement de la monnaie américaine a également influé sur les courbes des cours. Les prix de l'or noir ont brusquement décollé, se calquant sur le mouvement du dollar, qui s'est relativement affaissé. L'actuelle reprise des prix du pétrole ne peut que conforter les pays producteurs, notamment ceux membres de l'OPEP. Ces derniers ont vu juste, en optant, lors de la réunion tenue le 22 décembre dernier, en Angola, pour le maintien de leurs quotas de production. L'OPEP s'inscrit ainsi dans cette dynamique de reprise économique, ne souhaitant pas opérer une coupe supplémentaire dans sa production. Et sur cette question-là, il y a réellement consensus au sein de l'organisation pétrolière. Il y a par contre divergence en ce qui concerne le respect des décisions de réduction qu'elle avait prises fin 2008. Il est, en effet, des pays membres qui continuent de surproduire, fissurant de la sorte la cohésion de l'OPEP. Il faut dire que, pendant les dernières années, l'organisation a fait preuve de discipline et d'harmonie entre ses membres. Elle n'avait pas plié sous le pressions qu'elle subissait quand les cours de l'or noir avaient atteint les cent quarante dollars le baril. C'était une période mouvementée où tous les pays consommateurs lui demandaient d'inonder les marchés pour enrayer la flambée des cours. Une série de conférences consacrées d'ailleurs aux marchés pétroliers ont été organisés à cet effet. Mais ce n'est pas tout, l'OPEP faisait face à des conglomérats pétroliers dans le carré des pays non OPEP qui ne voulaient pas que leurs profits baissent, tirant avantage des réductions décidées par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole. Les non-OPEP ne se sont pas montrés coopératifs, se contentant de discours de circonstance, évasifs, lorsque celle-ci recommandait la coopération de tous en vue d'opérer un équilibre stable et durable sur les marchés. En vain. Y. S.