Le pétrole reprenait hier matin son ascension. Vers 11h20 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février gagnait 98 cents à 82,32 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres. A la même heure, le baril de "brut léger texan" (WTI), échangé au New York Mercantile Exchange (Nymex) pour la même échéance, prenait 1,12 dollar à 83,87 dollars, après un pic jusqu'à 83,88 dollars, un niveau inédit depuis octobre 2008. Premier ingrédient du cocktail: la soif grandissante de la Chine en carburants, confirmée dimanche par les chiffres des douanes chinoises. Les importations de brut ont massivement augmenté de 800.000 barils par jour entre le mois de novembre et décembre. La hausse des importations chinoises de brut en un an équivaut à la production totale de la Libye, un pays de rang moyen au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) La Réserve fédérale américaine (Fed) a elle pris involontairement part à l'envolée, en entraînant le dollar à son niveau le plus bas depuis un mois. Enfin, un oléoduc de la société pétrolière américaine Chevron au Nigeria a été l'objet d'une attaque, approuvée mais non revendiquée samedi par le principal mouvement rebelle Mend, dans la région sud riche en pétrole du delta du Niger. Pour sa part, le directeur général de Total anticipe une hausse prochaine des cours du pétrole. Interrogé par le Journal du Dimanche sur la manière dont il envisageait cette nouvelle année 2010, le directeur général du groupe pétrolier Total, Christophe de Margerie, s'est montré optimiste: " Les marchés anticipent une reprise, la sortie de crise est tangible dans certaines zones du monde. La sérénité est de mise. " Par ailleurs, le patron de Total anticipe une " hausse des prix du pétrole associée aux premiers signaux de reprise. " Il faut dire que les prix du pétrole ont entamé l'année 2010 sur des niveaux appréciables, atteignant vendredi dernier un sommet jamais atteint depuis 15 mois à 83 dollars/baril, et devraient débuter la semaine dans le vert, estiment dimanche des experts pétroliers. Plusieurs facteurs expliquent cette remontée des cours de l'or noir, notamment la vague de froid qui sévit actuellement en Europe, aux Etats-Unis et une partie de l'Asie, selon des experts. L'affaiblissement du billet vert et des chiffres sur le chômage aux Etats-Unis ont également pesé sur la consolidation des cours du brut au delà des 82 dollars le baril. La vague de froid qui sévit dans le monde a ainsi contribué, selon des courtiers new-yorkais, à une impressionnante série de dix séances de hausse du brut américain. En plus du froid et la baisse du billet vert face aux principales devises, les cours du brut sont restés assez fermes du fait également de tensions géopolitiques, notamment le différend énergétique entre la Russie et le Belarus, qui fait peser la menace d'une suspension des approvisionnements de pétrole vers l'Europe. La Russie et le Bélarus n'ont pas réussi à régler jeudi leur contentieux pétrolier, selon l'agence officielle bélarusse Belta, qui a souligné que la porte du dialogue restait ouverte. Les prix du brut devraient se raffermir la seconde semaine de janvier, boostés autant par les ''mauvaises conditions'' météorologiques aux Etats-Unis et en Europe, que par le regain d'intérêt des fonds d'investissements pour le marché pétrolier, sur fond de crise énergétique entre la Russie et le Belarus, principale porte du brut Russe vers l'Europe, qui grelotte.