De notre correspondant à Constantine A. Lemili «Nous étions trente-six à avoir passé la nuit d'hier face au cabinet du wali. Nous ne quitterons pas cet endroit tant que nous ne serons pas réhabilités». Ils, ce sont des gardes communaux, qui, au-delà d'avoir gîté dans la rue à une température de moins deux degrés, dans la nuit de samedi à dimanche, observent également une grève de la faim. La raison ? Leur «révocation arbitraire». Leurs revendications ? «Une réintégration immédiate, un dédommagement pour tout le temps passé loin de leur poste, mais, et surtout, que celui qui est derrière notre révocation rende des comptes». Une révocation, plus particulièrement dans une fonction régie par des textes, qui ne se décide pas cavalièrement, et, plus est, si les personnes concernées sont celles qui, à un moment de leur vie, ont souvent manqué de laisser la leur pour des raisons sur lesquelles il n'y a pas besoin d'aller dans les détails.La réponse nous est fournie par l'un d'eux : «Nous avons été révoqués parce qu'il est arrivé un jour où nous avons relevé la tête et dit non, non à l'établissement de faux et usage de faux, non au travestissement de faits, non à l'oppression... non à la violation de nos droits, non au déni de justice.» Selon le porte-parole des gardes communaux «le faux et l'usage du faux a été établi au niveau de documents officiels» sur lesquels nous n'aurons pas d'explication ; quant aux droits spoliés nous saurons que certaines révocations ont été prononcées «pour la simple raison que certains collègues se sont, un jour, retrouvés malades et ont produit des certificats d'arrêt de travail pour constater à leur reprise qu'ils ne font plus partie du corps. Or, certains d'entre-nous portent encore et toujours les stigmates [blessures] d'actes terroristes». Il semblerait donc que leur révocation l'ait été au mépris de la réglementation et sans respect du droit de chacun d'eux d'être auditionnés par «une commission de discipline qui réponde aux dispositions légales», ajoutera l'un des gardes communaux, repris par un autre, qui précisera que le responsable de leur révocation, en l'occurrence le délégué régional, «ayant des pouvoirs étendus sur la commission, alors que lui-même est sous le coup d'une enquête administrative». Les grévistes de la faim espèrent pouvoir être reçus par le wali, ce qui serait peu vraisemblable, d'autant que ce dernier n'a eu de cesse de dénoncer cette pratique de fonctionnaires mécontents venant tenir des sit-in devant le cabinet. Sans emploi, donc sans ressources, plusieurs de ces gardes communaux vivotent, quelques-uns ont même été réduits à bénéficier de l'assistance des pouvoirs publics et hébergés, pour une période limitée, dans des établissements servant à protéger les catégories de personnes en situation de vulnérabilité (diar errahma). Le porte-parole conclut cette rencontre par les propos suivants : «Nous n'allons pas vous demander de décrocher la lune pour nous, mais juste nous aider en médiatisant notre cas.»