De notre envoyée spéciale à Tamanrasset Wafia Sifouane Il lui tenait tant à cœur et elle a fini par le concrétiser. L'artiste Farida Sellal voit finalement naître le projet pour lequel elle a tant bataillé : une maison de l'imzad à Tamanrasset. Son objectif : préserver cet instrument de musique touareg exclusivement féminin. Le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, en visite de travail dans la région, a, le temps d'une inauguration, oublié les barils de pétrole, les contrats et les projets d'hydrocarbures, pour poser, jeudi dernier, la première pierre de ce projet culturel. D'un coût de 125,8 millions de DA, la maison de l'imzad sera construite sur un terrain de 10 000 m2, à 5 km de Tamanrasset, aux abords de la piste menant à l'Assekrem. Elle comportera une école d'imzad -qui est pour l'heure abritée par le CFPA de Tamanrasset-, deux ateliers pour les représentations, un musée et une salle polyvalente. Des studios d'enregistrement, un laboratoire d'audiovisuel, une salle d'informatique et un bloc pour l'accueil et l'hébergement d'artistes seront également érigés sur ce site, qui, s'il est exploité de manière optimale, peut devenir un pôle culturel non seulement pour l'Ahaggar mais toute la région, voire à l'échelle internationale. Car, la musique et la culture africaine en général et touareg en particulier, se sont déjà taillées une place de choix dans le monde. La musique a intégré la grande famille de la world music et de plus en plus de musiciens et compositeurs se tournent vers elle en quête de nouvelles sonorités et nouveaux rythmes. Qu'une maison se propose de les accueillir et de les mettre en contact avec des artistes africains, et leur offre, en sus, l'opportunité de réaliser in situ leurs enregistrements et arrangements, ils ne peuvent qu'affluer. De plus, Dar imzad contribuera grandement à la préservation des biens culturels immatériels (musiques et poésies) de ces régions. Avant de consacrer au rituel du dépôt de la pierre inaugurale, M. Khelil s'est plongé dans l'ambiance en visitant une exposition internationale d'art plastique sur le thème «De la musique avant tout» et a assisté au lancement d'une grande fresque collective que réaliseront les artistes invités au 2e Colloque international sur l'imzad qui s'était ouvert dans la matinée à l'université Hadj Moussa Akhamok de Tamanrasset. Parmi les thèmes inscrits au programme du colloque on citera «la touche culturelle féminine, entre authenticité et modernité», «l'imzad et l'identité», «l'imzad au Mali», «Sauver l'imzad», «la créativité dans la musique imzad» et «la stratégie de préservation du patrimoine musical traditionnel algérien». Le colloque, qui sera clôturé aujourd'hui, est animé par des chercheurs, algériens et étrangers. Le premier colloque sur l'imzad s'est tenu du 31 mars au 3 avril 2005 à Tamanrasset. Soulignons que M. Khelil n'était pas seul. D'autres membres du gouvernement ont également fait le déplacement à Tamanrasset, dont Mme Souad Bendjabellah, ministre chargée de la Recherche scientifique, et Mme Nouara Saadia Djaafar, ministre déléguée chargée de la Famille et de la Condition féminine. Le colloque est organisée par l'association «Sauver l'imzad», créée en 2003 par des artistes et des personnalités locales.