De notre envoyée spéciale à Tamanrasset Wafia Sifouane Le 2ème colloque international sur l'imzad qui a été organisé à l'université Hadj Moussa Akhamoukh de Tamanrasset en marge de la manifestation «sauver l'imzad», a débouché sur une recommandation principale : la nécessité de préserver le patrimoine culturel immatériel national. Pour ce faire, les participants à cette rencontre ont préconisé à l'issue de leurs travaux la concentration des efforts et actions de toutes les institutions et acteurs concernés vers cet objectif. Evidemment, de nombreuses voies peuvent être suivies pour atteindre l'objectif. Les conférenciers en ouvriront une en recommandant l'encouragement de la création artistique, notamment la musique targuie, et l'utilisation des instruments originels, tels l'imzad et le tindi. Il s'agira aussi pour les artistes de mettre en musique les poésies touarègues, ce qui permettra de sauvegarder et de préserver ces patrimoines que pourront dès lors recevoir les générations futures. Toutefois, si la préservation est aisée en ce qui concerne les instruments de musique, dont la confection et les techniques de fabrication sont connues, donc pouvant être reproduits à l'identique, il en est tout autrement pour la poésie. En effet, rien n'a été fait pour rassembler et transcrire les poèmes en tamasheq. Les conférenciers ont d'ailleurs souligné le problème de l'insuffisance, voire le manque de documentation concernant le patrimoine culturel de l'Ahaggar. Après le père de Foucault qui avait, à l'époque où il avait vécu à Tamanrasset, conçu un dictionnaire de tamasheq et entrepris de recueillir légendes, histoires, poèmes… touareg, aucun responsable ne s'est plus intéressé à cette culture. La seule initiative dont on a eu vent est venue d'une écrivaine résidant à Tamanrasset qui a entrepris de rassembler des poèmes en tamasheq qu'elle se propose d'éditer, avec le soutien de la maison de la culture de la ville. Cette initiative est à saluer, encourager et soutenir, mais il n'en demeure pas moins que cette dame est en train de faire le travail d'une institution qui, en plus des moyens, a la responsabilité de la sauvegarde et la préservation de nos patrimoines et de notre culture. Un pas est fait avec le projet de création de Dar imzad (maison de l'imzad) qui devrait être un centre de convergence de tous les artistes de la région et un creuset pour recueillir toutes leurs créations. Avec un tel statut, Dar imzad a tout pour devenir un pôle culturel où pourraient se rencontrer les artistes et créateurs intéressés par cette culture.Mais l'urgence n'est pas seulement pour la préservation du patrimoine immatériel dans cette région où même le patrimoine matériel est logé à la même enseigne. De nombreux sites, tels le palais d'Ag Amstane à Sorro (quartier périphérique de Tamanrasset), le tombeau de Tin Hinan à Abalessa, et nombre de stations de peintures et gravures rupestres attendent encore une prise en charge qui leur permettrait de revivre et d'être exploités. Ils peuvent même être rentabilisés. Car la région a un fort potentiel touristique.