Le monopole médiatique exercé par le groupe El Jazeera Sport sur les droits de diffusion de la CAF 2010 a fait couler beaucoup d'encre dans le monde arabe. Mais c'est surtout en Egypte que le problème s'est posé de manière très accrue et très tenace. Cela parce que les instances officielles de la télévision et de la radio égyptiennes n'ont pas voulu mettre la main à la poche pour permettre à des millions de supporters égyptiens de suivre leur équipe au cours de cette Coupe d'Afrique. Cela est d'autant plus important que les Egyptiens sont encore sous le choc de leur élimination de la Coupe du monde alors qu'ils sont détenteurs des deux derniers titres africains. Finalement, ils ont pu et pourront suivre en clair les matches des trois équipes arabes présentes dans cette Coupe d'Afrique et ce n'est certainement pas grâce à leur Président, mais à la générosité d'El Jazzera. Le pouvoir des Moubarak reste tout de même conséquent avec lui-même et constant dans sa relation avec son peuple quand il s'agit de mettre la main à la poche. Il n'y a qu'à prendre l'exemple du match d'Oum Dormane contre l'Algérie où seuls les aristocrates ont eu le privilège de se déplacer. Les responsables d'El Jazeera Sport, ahuris par tant de mensonges au sujet des transactions avec les responsables égyptiens, ont crevé l'abcès à travers une émission diffusée en boucle. Ainsi, pour remettre les pendules à l'heure, El Jazeera Sport a dit les quatre vérités aux Egyptiens et au monde arabe au sujet des tergiversations des officiels du paysage médiatique de l'Egypte. Ayant signé le cahier des charges qui explicite dans quelles conditions la diffusion des matches dont les droits seront cédés, les Egyptiens ont tourné autour du pot pour ne pas ameuter leur opinion. El Jazeera a annoncé durant cette émission avoir proposé les droits de diffusion à hauteur de 10 millions d'euros, tout comme pour l'Algérie. Mais, face au pleurnichement des pharaons, l'offre est descendue à 7 millions ensuite à 5 millions d'euros pour la diffusion de 10 matches proposés par le groupe, dont ceux de leur équipe. Mais rien n'y fait, les Egyptiens voulaient sans doute une offre beaucoup plus généreuse, pour ne pas dire autre chose. Mais comment en est-on arrivé là ? Avec un paysage médiatique aussi riche que volumineux, l'Egypte pouvait se permettre d'acheter les droits de toute la Coupe d'Afrique des nations. Selon El Jazeera, les télévisions égyptiennes craignaient une non-rentabilisation de ces transactions commerciales du fait de l'absence d'annonceurs accrochés par la Fédération égyptienne de football et la CAF. En effet, la majorité des annonceurs présents à cette CAF sont égyptiens. C'est dire toute l'importance et la place qu'a prises le football dans les transactions commerciales en Afrique. Finalement, les médias égyptiens, qui sortent indemnes de cette bataille avec leur public et le groupe El Jazeera, commencent à générer des gains explosifs. La politique des moindres coûts a été payante pour la majorité de cette presse audiovisuelle xénophobe qui a fini par trouver la parade afin de réparer la trajectoire. Les plateaux de télévision où sont mis à contribution les analystes de tout acabit, les anciens joueurs, les officiels du sport, les stars du cinéma, les reportages étriqués sur les villes d'Angola, etc. et autres astuces ont été multipliés afin de drainer les annonceurs. Plus d'une trentaine de spots publicitaires ponctuent ces émissions sportives et font le bonheur des grosses chaînes égyptiennes. Une véritable mine d'or qui vaut des milliards de livres égyptiennes. Finalement,la parade a été payante et les médias égyptiens sortent indemnes. M. O.