Mme Rafikoh Rokhim, PHD à l'université de Jakarta, a présenté jeudi dernier lors d'une conférence–débat organisée à l'université d'Alger un exposé sur les mesures prises en Indonésie face à la crise économique mondiale. Cette enseignante francophone est en effet revenue sur la valeur des expériences de son pays lors des dernières crises économiques, celles de 1998 et de 2008. Devant une salle archicomble, l'invitée de la faculté des sciences économique d'Alger a présenté un exposé détaillé des mesures prises par la plus grande économie en Asie du Sud-Est. Les débats se sont concentrés sur les mécanismes devant être mis en place pour face à ce genre de crise et surtout pour développer les économies de nos pays. Deux pays ayant été, durant les années 60, au même stade de croissance et classés comme sous-développés. Plus de 40 ans après, la différence est de taille : l'Algérie piétine toujours et son économie est restée, en dépit des diverses politiques mises en œuvre, mono-exportatrice, alors que l'Indonésie est devenue l'un des géants sud-asiatiques. Pour faire face à la crise (politique, économique et sociale) ayant touché l'Indonésie en 1998, la conférencière a indiqué que le gouvernement a pris des mesures qualifiées parfois de radicales. «Les pouvoirs publics, à l'époque, ont préféré se pencher sur le volet politique et financier en créant de nouvelles lois. Ils ont commencé par la création d'une commission ayant pour charge la restructuration du secteur bancaire, et la Banque centrale est devenue totalement indépendante. Parallèlement, on avait commencé à appliquer réellement sur le terrain les concepts de la bonne gouvernance», a-t-il expliqué. Hasard de calendrier ou simple coïncidence, d'autant que le débat sur ce sujet bat son plein actuellement en Algérie, la même source a plaidé pour une lutte sans merci contre la corruption. Ce phénomène, qui avait gangrené durant une certaine période ce pays, a fortement pénalisé l'économie indonésienne. «Le gouvernement a installé des commissions indépendantes pour lutter contre la corruption. La lutte a été sans merci dans mon pays, où même des membres influents du gouvernement ont été mis en prison», explique-t-il. Et d'ajouter que ce phénomène doit être éradiqué si on veut avoir une économie performante et développée… Evoquant l'actuelle crise mondiale, la même source a fait savoir que son pays a appliqué ce qu'elle appelle «le management processus contrôle». «Il s'agit d'une coordination qui englobe le gouvernement, la Présidence, les experts, toutes tendances confondues, afin de dégager des réflexions et des méthodes de travail», ajoute-t-elle. La crise de 1998 a servi de leçon à ce pays qui a acquis de l'expérience dans ce genre de problème. «Ayant déjà une expérience dans la gestion des crises, les responsables de mon pays ont fait face à l'actuelle crise avec beaucoup de sérénité, d'autant que, d'un autre côté, notre secteur financier n'est pas vraiment développé comme les Etats-Unis, car notre économie n'a pas de produits de spéculation», souligne-t-elle. S. B.