Photo : Sahel Par Kamel Amghar La saison pluviale qui vient de s'achever n'a pas été généreuse pour le Grand Sud et les régions des Hauts Plateaux. La pluviométrie a été cette année bien en dessous des espérances des agriculteurs de ces vastes plaines qui comptent encore sur la clémence du ciel. Les éleveurs d'ovins ont été particulièrement désavantagés par cette sécheresse qui a eu un impact désastreux sur les parcours de pâturage. Les aliments de bétail d'importation ont précédemment connu un surenchérissement spectaculaire qui frôle les 40% à cause de la crise alimentaire mondiale. Conséquence directe : des quantités considérables d'animaux sont simultanément mises en vente. Découragés par la hausse surprenante des frais d'entretien de leurs troupeaux, les éleveurs, affolés, ont vidé leurs bergeries pour les étaler sur les marchés de bestiaux. Les prix se sont naturellement effondrés, et le coût de la viande ovine fraîche est à son plus bas niveau sur le marché national. Dans les abattoirs des Hautes Plaines, le kilogramme d'agneau oscille entre 400 et 450 dinars. Sur les étals des marchés hebdomadaires de la région nord, les bouchers proposent la même chair pour des tarifs qui varient de 480 à 550 dinars. Auparavant, la viande ovine, très prisée par les consommateurs, planait toujours au-dessus de 650 dinars le kilo. Habituellement dédaignée, la viande bovine se vend beaucoup mieux. Elle est actuellement proposée au détail entre 550 et 600 dinars le kilogramme. La viande caprine se maintient aussi au-dessus de 450 dinars l'unité. Bien entendu, même si elle en nette baisse, les ménages se disent dans l'incapacité de se l'offrir au quotidien. Mais cela est une autre question. Pour stopper cette hémorragie, le gouvernement a décidé récemment de suspendre temporairement l'importation de la viande ovine pour soutenir les prix du produit local. Si la mesure a été bien accueillie par les éleveurs, elle demeure cependant insuffisante pour la sauvegarde et la valorisation du précieux patrimoine biologique national. D'autres mesures doivent manifestement être prises pour venir en aide à une filière qui doit sa réputation à la qualité de ses spécimens et la saveur de ses viandes. On citera à ce sujet la lutte contre le trafic qui se fait aux frontières ouest et sud du pays, l'appui à la structuration et l'organisation des producteurs pour qu'ils puissent se défendre d'eux-mêmes, l'affectation d'une subvention contrôlée et conséquente dans le cadre du FNRDA (Fonds national de régulation et de développement agricoles), le développement des ressources hydriques dans les régions à fort potentiel de production pour soustraire les cheptels aux contraintes capricieuses de la météo, et la modernisation des circuits commerciaux pour couper l'herbe sous le pied aux spéculateurs de tous poils qui infestent ce créneau juteux, notamment à l'occasion des grandes fêtes. Il va falloir aussi penser à une industrie de transformation et de conservation des viandes pour s'ouvrir sur d'autres marchés voisins et assurer un meilleur contrôle des prix à l'échelle nationale. Ces mesures, entre autres, sont de nature à encourager les véritables producteurs et à pérenniser une activité essentielle à la sécurité alimentaire du pays.