Photo : S. Zoheir Par Amel Bouakba L'Algérie a développé depuis le début des années 2000, une stratégie nationale et un plan d'action en environnement et de développements durables assortis d'un arsenal juridique. Plusieurs programmes spécifiques liés à la gestion des déchets, la protection de la nature, la pollution côtière et marine, la qualité de l'air et la pollution atmosphérique et industrielle ont été adoptés par le ministère de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme. Mais dix ans après le lancement de tous ces programmes, les choses semblent avancer timidement. En matière de gestion des déchets ménagers, l'Algérie a déclaré la guerre aux décharges publiques à ciel ouvert. Les centres d'enfouissement techniques (CET) sont l'alternative aux décharges qui défigurent le visage de nos villes. Mais le programme ambitieux de la création dans un premier temps de quelque 80 CET à travers le pays n'est pas véritablement concrétisé sur le terrain. Les CET sont, en effet, confrontés à un problème sérieux de mauvaise gestion. A Alger, seul le CET de Ouled Fayet est opérationnel. Mais selon M. Tolba, l'un des responsables du ministère de l'Environnement chargé du dossier des CET, «la mise en exploitation du CET de Staouéli ne devrait pas tarder». S'agissant de la tristement célèbre décharge de Oued Semmar, qui a fait pendant longtemps parler d'elle, sa fermeture définitive devrait intervenir dans les prochains mois», selon notre interlocuteur. Il a rappelé que la fermeture progressive de la décharge, arrivée à saturation après 35 ans d'exploitation, a déjà été entreprise par une entreprise libanaise. «En vue d'absorber les déchets ménagers de la wilaya d'Alger, trois autres CET sont prévus au niveau des communes de Corso, de Réghaïa et d'El Hamiz», annonce encore notre interlocuteur. Le concept de CET semble gagner du terrain. Plusieurs centres sont prévus pour 2010. Ainsi, la wilaya de Tissemsilt devrait être dotée de deux nouveaux centres d'enfouissement technique à Bordj Emir Abdelkader et Khemisti. La wilaya a bénéficié depuis 2006 de quatre centres d'enfouissement technique, répartis à travers les communes de Tissemsilt, de Bordj Bounaama, de Theniet El Had et de Ammari pour le traitement des déchets d'une population estimée à 157 000 habitants. Un autre CET devrait être prochainement opérationnel à Relizane, dans la commune de Oued Djemaa. Un programme de réalisation de trois autres CET au titre du quinquennat 2009/2014 à Oued Rhiou, à Mazouna et Ammi Moussa est attendu. La wilaya de Souk Ahras n'est pas en reste puisqu'elle vient de bénéficier d'un CET, au lieudit «Salah Berral». Il est à déplorer toutefois que la majorité de ces structures ne soient pas opérationnelles, à cause d'un problème de mauvaise gestion. Mais selon M. Tolba, des EPIC vont être créées à cet effet, pour mieux prendre en charge la gestion des CET. En matière de gestion des ordures ménagères, la défaillance des APC est mise à l'index. De même que l'incivisme des citoyens. Selon, le directeur de l'entreprise Net Com, «cette structure fait face au sempiternel problème de respect des horaires de collecte des déchets». Outre la gestion des ordures ménagères, celle des déchets industriels reste lui aussi posé. Le ministère de l'Environnement a annoncé qu'il allait sévir contre toute entreprise qui porte atteinte à l'environnement. Après la fermeture de la cimenterie de Meftah, de nombreuses entreprises sont sur la sellette. Il y a lieu de noter que, dans la wilaya de Boumerdès, vingt entreprises industrielles ont fait l'objet récemment de décisions de fermeture proposées par la commission ad hoc de wilaya, en 2009. Selon la direction de l'environnement de Boumerdès, cette mesure est motivée par les activités polluantes pour l'environnement de ces entreprises. Ainsi, apprend-on, c'est sur décision du wali que la fermeture définitive a été prise et ce, suite à ces propositions de fermeture établies par la commission de wilaya concernée. La commission représentative de plusieurs secteurs s'est appuyée dans son constat sur «des visites d'inspection au niveau de ces entreprises ainsi que sur une étude des infractions commises par ces dernières». D'autre part, la question de la pollution atmosphérique se pose avec acuité dans notre pays. Selon les statistiques, 27% des consultations médicales effectuées par les différents services hospitaliers en Algérie chaque année concernent des problèmes de respiration. La réalisation de moyens de transport commun comme le tramway et le métro permettront de lutter contre les phénomènes de pollution aérienne ou atmosphérique, par la diminution du nombre du parc automobile et des émanations d'oxyde de carbone. Afin de préserver l'environnement mais aussi de réduire la consommation du gasoil dont la facture d'importation s'est élevée en 2009 à 300 millions de dollars (500 000 tonnes), l'Algérie a mis en place un important programme consacré à la promotion du GPL/C à travers notamment un ensemble de mesures incitatives pour promouvoir la consommation de cette énergie dans le futur. La baisse des prix et les facilités accordées par Naftal pour la fourniture et l'installation des kits GPL/C pour la conversion et l'octroi d'une augmentation substantielle de la marge de distribution (de 30 à 70%) comptent parmi les principales actions de promotion. A ce titre, Naftal a signé récemment des conventions avec des entreprises de conversion et des concessionnaires automobiles pour l'installation de kits GPL/C sur les véhicules importés. Il s'agira de doter 170 000 nouveaux véhicules au GPL/C, plus connu sous le nom de Sirghaz, à l'horizon 2014. Dans le domaine de la protection de l'entreprise, d'autres grosses entreprises s'impliquent comme le groupe Sonatrach. Cette firme pétrolière compte réaliser cinq grands projets à travers ses zones industrielles pour lutter contre les émanations gazières et chimiques polluantes de l'environnement. Les complexes industriels du groupe vont être dotés de moyens de transfert des matières polluantes et de leur recyclage en plus de la création de différents systèmes technologiques visant à mettre un terme au rejet de gaz et de produits toxiques, carboniques et huiles dans l'air, au sol et en mer. En somme, l'Algérie a lancé de nombreux projets ambitieux pour stopper la pollution et préserver l'environnement mais il reste beaucoup à faire.