La nécessité d'une gestion de l'après-crise économique mondiale par des mécanismes financiers et économiques devant éloigner à jamais le spectre d'un retour à la case départ a été mise en exergue jeudi dernier lors des débats du 4e Forum économique mondial de Davos (Suisse). Ainsi, plusieurs participants au Forum ont particulièrement débattu d'une «gouvernance économique mondiale», comme principal remède aux «bulles financières» et à une surchauffe de l'économie mondiale, pouvant survenir à travers l'imbrication des différentes politiques financière et commerciale nationales. La Chine, dont la politique monétaire a été critiquée par plusieurs intervenants qui lui ont reproché de maintenir sa monnaie, le yuan, à un niveau anormalement bas, s'est dit, par la voix de son vice-Premier ministre, prête à adopter une politique monétaire «plus flexible» en fonction des «circonstances». «Nous allons maintenir la continuité et la stabilité de nos politiques macroéconomiques, continuer à suivre une politique budgétaire volontariste et une politique monétaire modérément souple et rendre ces politiques mieux ciblées et plus flexibles pour répondre à de nouvelles circonstances», a précisé le responsable chinois. Au même titre, le président français Nicolas Sarkozy a estimé que «l'instabilité des changes et la sous-évaluation de certaines devises empêchent que le commerce soit équitable et que la concurrence soit loyale». Il a proposé dans le sillage de son discours «une refondation du système financier international», idée qu'il aimerait voir débattre au prochain forum du G20. Le président sud-coréen, Lee Myung-bak, dont le pays recevra une réunion du G20 en novembre, a demandé pour sa part que ce groupe se concentre sur l'après-crise tout en évitant le protectionnisme. M. Lee a aussi annoncé devant le Forum de Davos qu'il chercherait à obtenir un accord sur un système d'alerte précoce «plus fort» afin de faire face aux crises financières, ainsi que des «mesures concrètes» pour réformer la gouvernance financière internationale. Avec les premiers signes de reprise qui apparaissent dans l'économie mondiale, «il est temps pour le G20 d'établir un programme d'après-crise et de construire une base qui puisse assurer une croissance soutenue et équilibrée de l'économie mondiale dans les mois et les années à venir», a expliqué M. Lee. Il a aussi noté que «la crise financière récente et la récession économique ont renforcé les pressions en faveur du protectionnisme». «Nous devrions être sur nos gardes en ce qui concerne le protectionnisme. En même temps, nous devons être conscients des effets secondaires de la mondialisation qui nourrissent l'antipathie envers une plus grande intégration mondiale», fera remarquer le président de la Corée du Sud. «La persistance de déséquilibres externes» a été aussi indexée par le responsable de la Banque centrale du Koweit, Ibrahim Dabdoub, qui estime qu'il faut notamment «corriger les déséquilibres entre la Chine et les Etats-Unis, et entre les pays exportateurs du Golfe et les Etats-Unis». Le financier George Soros, qui s'est joint aux appels venant d'Europe et d'Amérique pour une réévaluation de la devise chinoise, a souligné de son côté qu'un yuan plus fort serait «favorable à la Chine et au reste du monde». R. E.