La liesse qui a accompagné la qualification de l'équipe nationale de football au Mondial sud-africain renferme un message complexe et direct. C'est le peuple qui revendique son appartenance à l'entité Algérie. C'est le cri de la citoyenneté. Celle-ci est régie par des droits et des devoirs. L'un des droits du citoyen est l'accès à un poste d'emploi décent scellant sa contribution à la vie sociale et économique du pays. Or, les temps sont durs et le poste de travail réel, pourvoyeur de valeur ajoutée et stable est une «denrée» rare. Le taux de chômage officiel en Algérie est de 10,2%. La grande majorité des demandeurs d'emploi sont les jeunes primo-demandeurs. Diplômés ou sans qualification, ils sont nombreux à chercher un emploi. Le nouveau plan quinquennal 2009-2014, prévoit la création de pas moins de 3 millions de postes. La loi de finances 2010, dans son volet : lutte contre le chômage et création d'emploi, consacre 42,6 milliards de dinars pour la création de 60 000 emplois dans la fonction publique, 13 milliards pour 144 000 via le secteur de la solidarité nationale et 24 milliards par celui du travail pour 432 000 emplois. En plus des 200 000 PME/PMI qui seront créées en cinq années selon les prévisions. Pour ce faire, l'Agence nationale de l'emploi et les différentes formules d'aide à l'investissement (CNAC, ANSEJ, ANGEM) sont mises à rude épreuve. Les chiffres sont très optimistes. Un optimisme qui contraste avec le réalisme du simple citoyen. «Les chiffres sont les chiffres. Pour moi, le problème du chômage reste le même. Je suis l'aîné d'une famille de cinq frères. Tous chômeurs. Trois d'entre nous ont un diplôme universitaire et personne ne travaille officiellement. Alors, moi aussi, j'ai mes statistiques», ironise Rabah, ingénieur en hydrocarbures. «Je travaille au noir, dans un kiosque multiservices, le jour, et, le soir, je suis bricoleur en appareils électroniques. Entre les deux, je m'arrange pour trouver d'autres bricoles afin de subvenir aux besoins de la famille. Doit-on alors me comptabiliser parmi les demandeurs d'emploi ou les cumulards», plaisante-t-il. Malgré son air bon enfant, Rabah est très préoccupé par son devenir. «Je n'ai aucune sécurité de travail. Je ne suis pas affilié à la Sécurité sociale et je ne peux prétendre à la retraite comme tout le monde», regrette-t-il. Hamid, 32 ans, sans emploi et sans qualification, ni même compétences particulières, broie du noir. «Le seul poste que je pourrais occuper est celui d'agent de sécurité. Or, c'est un travail très prisé et il n'est pas facile d'y accéder. De plus, la plupart des recruteurs exigent la carte militaire. Je n'ai pas encore fait mon service national, je suis l'aîné de la maison et mon père est décédé. La seule alternative qui me reste est de faire gardien de parking. Mais là encore, il y a trop de concurrence», déplore Hamid. Riad, assis sur le capot d'un véhicule, se retrouve au chômage après deux «tentatives» de travail suivant la formule du pré-emploi. «J'ai travaillé deux fois deux ans. A aucun moment, je n'ai senti que mes patrons avaient l'intention de me permaniser. Des personnes ont été directement embauchées après moi. Malgré mon assiduité, une fois mes contrats épuisés, je me retrouvais exclu», regrette-t-il. Devant ces cas, et face à la baisse annoncée cycliquement du taux de chômage, il est urgent de trouver des mécanismes plus efficaces afin de pérenniser les postes d'emploi créés. Des stages de formation, des dispositifs d'orientation et d'accompagnement sont indispensables pour diriger les demandeurs d'emploi. Dans un pays où trouver un bon plombier, électricien ou mécanicien relève du défi, il n'est pas exigé de se focaliser sur la création d'emploi dans le secteur tertiaire. Comme toute opération d'investissement, il s'agit juste de faire une étude de marché pour cerner les besoins réels.