Photo : S. Zoheïr La problématique du logement à Annaba n'est pas près de trouver une solution adéquate à même d'en finir une fois pour toutes avec une situation qui traîne depuis près d'un quart de siècle. En effet, les différentes vagues d'exode rural des années 1970 et 1980 ont accentué la crise du logement déjà aux prises avec une démographie galopante et difficilement maîtrisable si bien que la demande s'est multipliée de manière exponentielle. Les dizaines de programmes de logements lancés, réalisés et attribués n'avaient satisfait en réalité qu'une minorité de demandeurs ; entre-temps, les choses allaient en empirant. Des bidonvilles foisonnaient un peu partout, ceinturant toute la ville de toutes parts et parfois même au milieu de quartiers populaires comme du côté d'El M'haffer, de Bouhdid, Sidi Harb ou El Fakharine. La cité «Bouhamra», composée au départ de quelques baraques éparses abritant une vingtaine de familles, est, au fil des ans, devenue une agglomération forte de plus de 5 000 habitants entassés dans des taudis faits de tôle, de cartons et de matériaux composites. Cette plaie ouverte dont souffrait La Coquette avait été en quelque sorte «cautérisée» et des bâtiments flambant neufs regroupant des centaines de logements avaient supplanté les baraquements. L'administration avait rebaptisé les lieux du nom de «Boukhadra» pour effacer des esprits le souvenir de ce bidonville. Mais quelques années plus tard, ce fut le grand retour de ce bidonville avec la construction de nouvelles baraques, réalisées à la hâte de nuit ou pendant les jours fériés. Une image hideuse de La Coquette qui n'en est plus une malgré les projets d'embellissement de la ville ; l'habitat précaire gagnait dangereusement du terrain et allait progressivement envahir toute la cité. Le dernier recensement effectué par les services de la wilaya fait état de 16 111 constructions précaires dont la majorité est concentrée au chef-lieu de wilaya et dans la commune populeuse d'El Bouni. Ainsi il a été recensé 11 841 habitations précaires, dont 6 238 à Annaba, principalement dans les bidonvilles qui encerclent la cité. L'éradication de ces plaies ouvertes qui se faisait cahin-caha, recourant aux différents programmes de réalisation lancés pour la plupart à partir de l'an 2000, n'ont pas vraiment eu d'impact et il avait fallu administrer une thérapie de choc pour venir à bout de ce phénomène. En effet, la décision du président Abdelaziz Bouteflika de réaliser un million de logements a complètement changé la donne à Annaba même s'il reste beaucoup à faire dans ce domaine puisque de petits malins continuent à construire des baraques de manière illicite étant sûrs ainsi d'obtenir un logement. Ce qui est inadmissible, c'est que l'on revend ladite baraque à quelqu'un d'autre qui, lui aussi, aura son logement. Une œuvre de Sisyphe des temps modernes dont personne ne viendra à bout. Dernièrement, au niveau de la cité de Sidi Salem, une petite bourgade «truffée» de bidonvilles, la décision de reloger plus d'une centaine de familles a immédiatement été suivie de la démolition des baraques libérés et ordre avait été donné aux autorités locales de veiller à ce que rien ne soit construit sur les terrains libérés sous peine de sanctions. Sur le million de logements programmés à travers tout le pays, la wilaya de Annaba a pu bénéficier de 35 067 unités qu'elle a réparties sur les quelque 14 localités et agglomérations dépendant de son territoire. AADL, LSP,LSL, RHP, habitat rural et autres formules ont transformé la wilaya en chantiers ouverts malgré les difficultés rencontrées au départ. Difficultés représentées essentiellement par l'absence d'assiettes foncières pouvant servir pour la réalisation des logements. Il avait fallu établir un portefeuille foncier, récupérer des terrains, décider des extensions, créer de nouveaux lotissements pour régler ce problème, lancer le programme et essayer de le réaliser dans les délais fixés. Pour l'habitat précaire et en dehors des programmes lancés, il a été prévu pour l'année 2010 un programme de 2 000 logements en plus des 1 000 autres affectés en 2009. «Le quinquennat 2010-2014 a été consacré à l'amélioration significative des conditions d'habitation des familles mal logées, avait déclaré M. Noureddine Moussa, ministre de l'Habitat, lors de sa récente visite dans la wilaya de Annaba. Notre objectif est l'éradication définitive de l'habitat précaire. Ce phénomène est le résultat de l'accumulation de plusieurs années et il est impossible d'en venir à bout en 2 ou 3 années, il faudra beaucoup plus de temps.»