Et voilà que l'arbitrage africain refait surface. Et encore une fois sous son mauvais aspect. Cela après que le continent eut cru que, durant ces vingt dernières années, les frasques d'un certain major Lamptey ont été définitivement gommées. Le cas de Coffi Codjia, parce qu'il est sans doute plus douloureux pour la majorité de nos compatriotes, n'est en fait que la partie visible de l'iceberg tant il serait honnête de rappeler que d'autres arbitres portés aux nues lors des éliminatoires jumelées CAN/CM et parfois au cours de ce même tournoi, d'une rencontre à une autre, ont été voués aux gémonies par ceux-là mêmes qui les encensaient dès lors qu'ils n'ont pas nui à l'intérêt de leur sélection, voire l'auraient même avantagée. Mais c'est là une question de partialité propre à l'homme et en l'espèce à tous les acteurs qui constituent la chaîne du monde du football, exception faite pour les joueurs sinon la majorité des joueurs qui ne se sont jamais défaussés sur l'arbitrage, jugeant plus sincère de se remettre en cause d'abord eux-mêmes. L'arbitre ne demeurant dans le jeu qu'un individu… un homme, et l'erreur étant par nature humaine, ses errements peu ou prou tolérés. Dans l'affaire Coffi Codjia, puisqu'elle prendra, qu'on le veuille ou non, le contour d'une affaire dans la mesure où le referee s'est surpassé en excluant trois joueurs même si deux des sanctions sont amplement justifiées (Belhadj et Chaouchi), il aura pour ne pas avoir gardé son calme, tempéré ses ardeurs, donné toutes les raisons à chacune des personnes qui auraient suivi la rencontre Algérie-Egypte de conclure que la défaite des Verts ne pourrait que lui peser sur la conscience comme l'œil de Dieu a pesé sur Caïn. Il est toutefois étrange que l'on sanctifie déjà Issa Hayoutou parce qu'il aurait aurait qualifié d'«arbitrage scandaleux» l'exhibition du Béninois. Le président de la CAF s'autorisant d'autorité une nouvelle virginité. Or, c'est la gestion de la Confédération africaine de football qui devrait être considérée scandaleuse comme l'a été la compétition ainsi que l'attitude de la FIFA lors de l'agression caractérisée subie par les nôtres au Caire. La gestion caricaturale de la confédération ne date pas d'aujourd'hui. Il y a une dizaine d'années, un Algérien, en l'occurrence Mourad Mazar, avait été traité d'«obscur personnage aux intentions douteuses» par des personnalités du monde du football qui dénoncent aujourd'hui cette même CAF parce que… l'obscur personnage en question dénonçait «l'hégémonisme égyptien et la servilité du président de la CAF et surtout la nécessité de délocaliser de la capitale égyptienne le siège de la confédération». Pourtant, au cours de sa tournée nationale, le président du Syndicat des joueurs africains était accompagné de personnalités du monde du football qui, à aucun moment, ne pouvaient être suspectées de manœuvres. Nous ne citerons que Mustapha Dahleb. La duplicité de la CAF et de ses responsables est à l'aune de ses décisions. N'a-t-elle pas, après avoir assuré les Togolais qu'ils ne risquaient rien au moment où leur délégation avait choisi de quitter la compétition pour des causes sur lesquelles il n'est nul besoin de revenir tant ils sont tragiques, décidé de sanctionner le pays concerné par l'exclusion des deux prochaines éditions. Dans leur grand sens des responsabilités… enfin, des pays maghrébins, comme la Libye, le Maroc, la Tunisie et l'Algérie, feraient, semblerait-il, circuler une pétition pour obtenir le déplacement du siège de la CAF vers un autre lieu… neutre sans doute. Et le choix de la Suisse semble tout indiqué parce que c'est le nom de ce pays qui revient le plus souvent d'autant plus que la confédération ne pourra qu'être voisine de la FIFA. Alors que l'on dise ou que l'on entretienne les plus grandes rumeurs sur la CAF et l'intégrité de ses arbitres, cela ne pourrait qu'en rajouter au discrédit total de son football, du reste des institutions alors qu'il existe une assemblée générale qu'il faudrait juste actionner dans le cadre de la réglementation et surtout des droits que possède chaque pays adhérent à faire valoir sa voix et, par conséquent, à mettre un point final à sa gestion folklorique de la discipline. Or, il y a tellement d'intérêts imbriqués dans le fait que l'équipe actuelle a besoin d'être pérennisée qu'il est peu probable qu'elle puisse être d'une manière ou une autre perturbée. Elle dispose de relais assurés au sein même des délégations qui la dénoncent aujourd'hui. Mohamed Raouraoua, qui connaît bien tous les mécanismes des institutions, sait ce qu'il fait et surtout ce qu'il dit en déclarant que Coffi Codjia «est irresponsable et incompétent» tout en concédant aux Egyptiens d'avoir gagné la partie. Le président de la Fédération algérienne sait qu'il ne suffit pas de hurler avec les loups parce que le problème pourrait être ailleurs. Et cela est une autre histoire. A. L.