Au moins une vingtaine de pèlerins chiites ont été tués et 117 autres blessés hier matin dans un attentat suicide perpétré à l'entrée de la ville sainte de Kerbala, située à 110 km au sud de la capitale irakienne Baghdad, selon des sources sécuritaires et hospitalières. L'attaque a eu lieu sur la route reliant Hilla à Kerbala où devra se tenir vendredi une importante cérémonie religieuse chiite, selon les mêmes sources. Le kamikaze était à bord d'un minibus bourré d'explosifs, a précisé une source du ministère de l'Intérieur irakien qui a requis l'anonymat. Un autre pèlerin chiite a aussi été tué dans le quartier Mansour, à l'ouest de Baghdad, et deux autres ont été blessés dans l'explosion d'une bombe, a indiqué le commandement des opérations militaires de la capitale. Lundi dernier, une attaque kamikaze, commise par une femme, a causé la mort d'au moins 41 pèlerins chiites à l'entrée de la ville de Baghdad et en a blessé 106 autres. Parmi les victimes figuraient des femmes et des enfants, selon des sources sécuritaires et médicales. Le gouvernement de Nouri El Maliki a ouvertement accusé les partisans du parti Baath de l'ancien président Saddam Hussein et le groupe «Takfiris» affilié à El Qaïda. Ces actions ont eu lieu malgré une forte présence policière dans la capitale, le gouvernement ayant déployé plus de 30 000 policiers pour assurer la sécurité des pèlerins chiites venus en masse accomplir leur rite. La recrudescence des actes de violence en Irak a un lien très étroit avec les prochaines élections législatives prévues au mois de mars. Elle n'épargne ni les sunnites ni les chiites qui se font régulièrement tuer par dizaines dans les attentats suicides dont certains ont été revendiqués par des groupes islamistes rejetant l'actuel gouvernement qu'ils accusent de marcher pour le compte de l'Occident. Ces attentats constituent en fait une véritable menace pour la réussite des prochaines législatives sur lesquelles pèsent déjà de nombreux soupçons de fraude, notamment ceux liés à la révision des listes électorales dans certaines provinces, à l'exemple du Kurdistan irakien dans le nord du pays. Ad Melkert, le représentant de l'ONU en Irak, a d'ailleurs souhaité hier la tenue le 7 mars d'élections législatives «crédibles» dans le souci d'obtenir des «résultats acceptables par tout le peuple irakien», suite à l'exclusion de plus de 500 candidats accusés d'entretenir des liens avec le parti baath. Il faut trouver «un équilibre entre ceux ayant fait partie des régimes oppressifs qui doivent rendre des comptes et le besoin de paix, de réconciliation et de participation au système démocratique», a-t-il souligné lors d'un point de presse. L. M.