Sombre éclairage, des ombres filiformes qui s'agitent sur scène sur fond de musique angoissante c'est ainsi que s'amorce la pièce Lalla produite par le théâtre régional de Mascara dont la générale a été présentée mercredi dernier au Théâtre national algérien Mahieddine Bachtarzi. Adaptée par Bouziane Benachour d'après le texte les Bonnes de Jean Genet, la pièce mise en scène par Khaled Belhadj nous plonge dans une ambiance de pur délire, des coups bas, des complots, le tout parsemé de sentiments d'envie, de jalousie, de soupçons et d'ironie. Messaouda et Mebarka sont deux femmes de ménage qui travaillent pour le compte de Lalla. Cette dernière traverse une période difficile. Son époux a été mis en prison suite à un complot manigancé par ses bonnes. Loin de se douter que ses employées sont la source de ses tourments, Lalla, avec ses allures de grande dame, a du mal à communiquer avec ses bonnes car, en tentant d'être gentille avec elles, elle finit toujours par les blesser dans leur amour-propre. Cela se traduit sur scène par son attribution de ses vieilles toilettes aux deux ménagères. Vêtues de leurs tenues noires avec de petits tabliers, Saadia et Mebarka se laissent aller à un jeu vicieux, un jeu de rôles qui consiste à imiter leur maîtresse et rire d'elle alors qu'elle est en plein désarroi. La sonnerie du téléphone retentit, c'est le mari de Lalla qui annonce qu'il a été libéré… C'est une catastrophe ! Les deux bonnes paniquent de peur que leur victime les démasque et dévoile leur jeu au grand jour. Mais pour éviter cela, Mebarka, la plus audacieuse, décide d'empoisonner sa maîtresse avec une tisane bourrée de comprimés. Le temps passe vite et Lalla rentre chez elle, après avoir lessivé ses deux bonnes pour leur négligence, elle se laisse emporter par son malheur mais Saadia, trompée par sa langue, lui annonce la bonne nouvelle. Avec cette révélation, elle vient de détruire toutes ses chances et celle de Mebarka d'échapper à un châtiment certain. Une fois leur maître libéré, elles seront découvertes ainsi que leurs sentiments malhonnêtes. Lalla sort rejoindre son époux et l'ambiance entre les deux femmes tourne au cauchemar. Entre accusations échangées, lamentations et solutions de secours les deux bonnes se perdent. Mais la fin de la pièce révélera au public tout autre chose. En fait, tout cela se passait dans la tête de Mebarka atteinte de schizophrénie. A la fin du spectacle, tout s'assombrit. Ne transparaît que la silhouette de Mebarka qui est en quelque sorte enfermée. Par ailleurs, on notera que la scénographie et l'éclairage ont parfaitement reflété l'ambiance de la pièce. La présence de miroirs avec quelques reflets de lumières n'ont fait qu'accentuer l'atmosphère sombre. Quant au metteur en scène, qui a opté pour le théâtre de l'absurde, il s'est avéré être dépassé par son sujet, vu que la pièce s'est déroulée dans un ordre chronologique ennuyeux. Aussi, on notera l'absence d'intrigue et d'indices. La preuve : la majorité des personnes présentes ont mis du temps à comprendre la fin de la pièce. Par ailleurs, on saluera la prestation des comédiennes Alak Meriem dans le rôle de Saadia, Imane Zemani dans le rôle de Mebarka et Sayem Warda dans le rôle de Lalla. W. S.