Scène n Lalla a été présentée, hier, au Théâtre national dans le cadre de «Carte blanche pour les théâtres régionaux». Produite par le Théâtre régional de Mascara, la pièce est adaptée de Les Bonnes de Jean Genêt par Bouziane Ben Achour et mise en scène par Kamel Belhadj. Lalla raconte l'histoire de deux domestiques qui font preuve d'une grande jalousie envers leur maîtresse dont elles imitent les gestes en les exagérant, durant son absence. La pièce fait voir un jeu correct par lequel les comédiennes se sont sérieusement et notablement distinguées puisque chacune a su endosser son personnage, extérioriser sa psychologie et étaler toute sa personnalité. Aussi bien les bonnes, interprétées par Allag Mériem dans le rôle de la grande sœur et Zemati Imane dans celui de la jeune sœur, que Lalla, la maîtresse de maison, campé par Saïm Ouarda, ont assuré une belle performance théâtrale, marquée par une gestuelle belle et démonstrative. Leur jeu, juste et approprié, a fait ressortir toute la puissance dramatique : le drame est dit aussi bien dans sa splendeur que dans son intensité ainsi que dans un réalisme saisissant, conférant au jeu sa violence et son apprêt. On ressent cela à travers la relation à la limite de la schizophrénie qu'entretiennent les unes avec les autres. Cette violence puise son intensité dans la situation conflictuelle qui caractérise la relation qu'entretiennent les deux domestiques avec la maîtresse de maison, une relation qui définit et le caractère et le tempérament de chacune. Lalla, qui aborde la problématique de la communication et des défauts tels que la jalousie ou la haine, donc la nature humaine, est une pièce à incidence dramatique mais attachante et profonde, marquée, çà et là, par quelques accents d'humour. L'adaptation de la pièce apparaît plutôt comme une création, voire une nouvelle écriture scénique, puisque l'auteur, Bouziane Ben Achour, a pris quelques libertés avec l'original, mais sans pour autant modifier son contenu ou altérer son fond. Il a conféré à la pièce une nouvelle dramaturgie, privilégiant la mise en situation et la couleur locale. La pièce s'inscrit en effet dans un environnement social et culturel authentiquement algérien. A noter que «Carte blanche pour les théâtres régionaux» est une initiative du Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi dont l'objectif est de faire découvrir au public algérois les productions des théâtres régionaux. La première et la dernière semaine de chaque mois seront consacrées à un théâtre régional. Et c'est le Théâtre régional de Mascara qui a eu l'honneur d'ouvrir et de présenter ses créations, et ce, du 1er au 6 février. La dernière semaine du mois en cours sera consacrée au Théâtre régional de Constantine.