Photo : S. Zoheïr Par Billal Larbi Phénomène de société par excellence, le football semble assurément avoir une très grande influence sur la population, particulièrement la frange juvénile. Celle-ci ne rate pas l'occasion de s'extérioriser et de montrer sa joie à la faveur des victoires de son équipe favorite, oubliant pour un laps de temps un quotidien qui, dans la majeure partie des cas, est loin d'être rose. Lors de la récente Coupe d'Afrique des nations à laquelle notre pays a pris part après, faut-il le signaler, une absence lors des deux dernières éditions, tout un chacun a eu la latitude de constater que l'emprise du football sur les jeunes n'a pas diminué d'un pouce. Lorsque l'heure du match arrive, tout est relégué au second plan. Même des rendez-vous très importants sont reportés : des malades ont demandé à leurs chirurgiens de reporter l'intervention qu'ils devaient subir ! Incontestablement, c'est à la suite de la victoire des Verts contre la Côte d'ivoire que l'euphorie a atteint son paroxysme. «Tard dans la nuit, les gens fêtaient encore la prouesse acomplie par notre équipe nationale sur un adversaire qui était prédestiné au sacre final et qui, de surcroît, comptait en son sein des individualités de niveau mondial», a déclaré un jeune rencontré à Blida au lendemain du match. Il a affirmé n'avoir raté aucune des sorties des protégés de Saadane lors des matches éliminatoires menant au Mondial d'Afrique du Sud (joués au stade Tchaker). Il était également du voyage à Khartoum pour le match d'appui entre l'Algérie et l'Egypte. Selon lui, la liesse suscitée par les victoires de l'EN est unique en son genre. «Dans beaucoup de pays, le football est considéré presque comme un culte. Je crois que chez nous les choses sont vraiment particulières. Les personnes âgées disent que ce qui s'est passé lors du match de la Côte d'Ivoire, mais surtout suite à la qualification pour la Coupe du monde 2010, est semblable à ce qui s'était passé lors de la Coupe du monde de 1982, laquelle avait vu l'équipe d'Algérie [que beaucoup sous-estimaient] battre l'Allemagne, future finaliste de l'édition en question», nous dira-t-il. Le dénominateur commun à tous les quartiers populaires, outre les marchands proposant tout un éventail d'articles (casquettes, tee-shirts…), c'est le drapeau national fixé aux immeubles. Là où l'on passe, les «one, two, three, viva l'Algérie» fusent de toutes parts. «Les victoires de l'équipe nationale ont créé une ambiance bien particulière. L'esprit de convivialité et d'entraide est de retour. Le fait que les gens regardent ensemble [sur écran géant] les matches a davantage ancré la notion de groupe. Certaines traditions que l'on croyait révolues à jamais ont refait surface. Comme au bon vieux temps, des femmes, tout en regardant le match en groupe, se sont échangé des plats qu'elles ont préparés chez elles. Les rancunes et les divergences ont été mises de côté. C'est à croire que notre société s'est débarrassée, l'espace d'un moment, de son hypocrisie et de son indifférence», nous dira un homme d'un certain âge habitant la ville des Oranges, non sans souhaiter que cette dynamique suscitée par les victoires de l'équipe nationale dure le plus longtemps possible.