Prévu par la loi relative à la prévention et la lutte contre la corruption promulguée en 2006, l'organe national n'a pas encore vu le jour. Mais il semblerait que cela ne saurait attendre. Ahmed Ouyahia l'a annoncé mercredi. Ce sera un observatoire. L'Algérie en a déjà eu un. C'était à l'époque de la présidence de Liamine Zeroual. Et Ahmed Ouyahia était son chef de gouvernement. Pendant les quatre années d'activité, personne n'a eu à consulter son rapport annuel qu'il était tenu de présenter au président de la République. On l'appelait à l'époque la «grande muette bis». Il a été dissous en 2000 par Abdelaziz Bouteflika. Quatre ans après l'adoption de la loi sur la corruption, voilà que l'on nous annonce la création d'un observatoire contre la corruption. Prévu justement par l'article 7 de la loi. En quoi diffère-t-il de l'ancien ? se demandent ceux qui suivent ce genre de dossiers. En rien puisque aussi bien le texte de juillet 1996 instituant l'observatoire de surveillance de la corruption que la loi de février 2006 ne prévoient exactement les mêmes missions, nous serions tentés de dire dans ce cas après avoir dissous le premier pour en créer le second. Cela d'autant que celui de 1996 n'a aucunement éclairé l'opinion publique sur la corruption qui, faut-il le rappeler, battait son plein et s'est érigée en mode de société, les criminels profitant de ce que l'Etat était préoccupé par le retour de la sécurité dans le pays. Serait-ce encore une autre entité budgétivore avec en prime une commission des affaires sociales et autres privilèges liés à la fonction ? Gageons que ce ne sera pas le cas. Et puisqu'on parle de transparence, il serait judicieux que cette nouvelle institution coopère avec les associations et la presse en rendant public, après confirmation bien entendu, son bilan, ou encore engager une politique de communication à même de lui faciliter la tâche, voire de se faire aider. L'association algérienne de lutte contre la corruption existe déjà depuis plusieurs années mais les pouvoirs publics refusent de l'agréer pour on ne sait quelle raison. Elle est par contre tolérée mais fait face à beaucoup d'obstacles, notamment à l'intérieur du pays. Ne serait-il pas temps, puisque la loi dispose que l'organe contre la corruption doit mener un travail en direction de la société civile, de solliciter cette association, entre autres, pour l'assister dans sa noble tâche ? En attendant la mise en place de l'institution, les corrupteurs devront savoir qu'ils seront désormais observés. F. A.