Les mesures sociales prises par le gouvernement, dont le relèvement du SNMG, ne sont pas encore hardies, a affirmé hier la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune. D'après elle, l'échelle flexible des salaires s'impose tout autant que le plafonnement des prix des produits de première nécessité, qui est positif mais demande à être complété par l'ouverture de grandes surfaces de distribution et l'exercice par l'Etat d'un monopole sur le commerce extérieur du moins, temporairement. Car, «l'économie nationale, pour être boostée, a besoin de relancer la consommation». Ce sont autant de mesures que préconise la SG du Parti des travailleurs afin de conforter la nouvelle orientation économique du pays et d'apporter l'apaisement dont a besoin la nation. Lors d'une conférence de presse tenue hier au siège national de son parti, Louisa Hanoune a affirmé accueillir avec satisfaction les contestations sociales, pour le motif que les grèves des travailleurs dans les différents secteurs, y compris dans la production, sont synonymes de «vitalité». Mme Hanoune, qui considère qu'«avec l'amélioration de la situation sécuritaire en Algérie, il est normal que les priorités du pays changent pour se concentrer sur le chômage, les salaires et les droits syndicaux, etc.», a affiché son total soutien à toutes les grèves, «avec le total respect de l'indépendance des syndicats». Affirmant que son parti ne cherche pas à «surfer sur la vague» des grèves, elle rappelle le principe que «l'existence et l'indépendance des organisations syndicales sont le socle de la démocratie». Elle notera que la répression des grèves ayant eu lieu dans tous les secteurs n'était pas au rendez-vous cette fois-ci, à l'exception de celle initiée par les praticiens et praticiens spécialistes. Louisa Hanoune, qui considère les revendications des patriciens et praticiens spécialistes légitimes, a néanmoins dénoncé le double standard appliqué à leur mouvement, contrairement à d'autres, notamment ceux de l'éducation, des paramédicaux et d'El Hadjar, qui ont connu une solution. «Nous nous interrogeons sur les raisons politiciennes qui ont prévalu pour que le gouvernement laisse une grève durer plus de deux mois sans l'ouverture de négociations», a-t-elle ajouté, interpellant le Premier ministre d'ouvrir les portes du dialogue, arguant que «ce sont des cadres de la nation qui n'ont pas abandonné le secteur public». Elle a également abordé le thème relatif à la session écoulée de l'APN, qu'elle qualifie de «session à blanc», mais qui a été «sauvée par les questions orales». «C'est une incompréhension du rôle de l'instance législative que de dire que la majorité doit exclusivement soutenir le gouvernement», ajouta-t-elle en réaction à la déclaration du président de l'APN. «La législature actuelle est la plus mauvaise depuis 1997. Nous n'avons aucune illusion quant à son rôle.» Elle a affirmé que le gouvernement répond mieux à ses propositions plutôt que l'instance législative. Les exemples ? La décision de faire le bilan des privatisations depuis 1993 au lieu de 2001 comme elle l'a suggéré, celle de mettre un frein au recours aux bureaux d'études étrangers coupables de délit d'initié. La dépénalisation des harraga serait également à l'étude, a-t-elle signifié. S'agissant du dossier de la corruption, elle s'est défendu d'être partisane de ceux qui «dramatisent» la situation, eu égard au fait que «ce phénomène a toujours existé en Algérie depuis le parti unique». Aussi, une loi ne suffit pas pour en venir à bout. Il est nécessaire à ses yeux de mettre en place des institutions compétentes, qui garantissent la séparation des pouvoirs et l'indépendance de la justice. En dénonçant la politique du «deux poids, deux mesures», qu'elle croit avoir décelé dans le maintien en détention, en dépit des témoignages en sa faveur, du SG du ministère des travaux publics, elle plaidera pour l'application de la présomption d'innocence. Les scandales de Sonatrach sont liés à la loi de Chakib Khelil, qui stipule la création des agences de régulation, a-t-elle estimé, avant de conclure qu'on ne peut pas lutter contre la corruption avec la politique et les institutions qui l'ont généralisée. En conséquence, elle plaidera pour un statut d'entreprise publique à Sonatrach et Sonelgaz. «L'Etat va-t-il sortir indemne et plus fort de cette cascade de scandales ?» s'interroge-t-elle. A. R.