En se saisissant de la cascade de scandales financiers qui ont lieu dans le pays, notamment l'affaire de Sonatrach, la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, a estimé que «la réforme politique est la condition pour la lutte contre la corruption». A l'ouverture des travaux de la commission syndicale du parti hier à la mutuelle des matériaux de construction à Zéralda, Mme Hanoune a estimé qu'on ne peut demander à une assemblée gangrenée par la corruption et de surcroît mal élue de lutter contre ce phénomène. Car cela figure parmi les causes de la corruption, pour l'oratrice qui a revendiqué au nom de son parti la séparation entre la politique et les affaires, la révision de la loi électorale. S'agissant du scandale qui a entaché la compagnie Sonatrach, Mme Hanoune a d'abord appelé à régler à la racine cette question, avant de réitérer sa position qui consiste à défendre le principe de présomption d'innocence jusqu'à ce que la justice livre son verdict. Elle a notamment souligné la nécessité que «l'enquête suive son cours normal», sans toutefois manquer d'exprimer son étonnement que l'affaire de Sonatrach se soit accompagnée d'une fuite d'informations au profit de journalistes français. Et de mettre en garde contre la politique du bouc émissaire concernant l'autre scandale du ministère des Travaux publics, où elle a invité à la libération du secrétaire général, innocent, en insistant sur la responsabilité politique de certains ministres. Elle argue qu'à l'origine «la réforme de la justice n'était pas destinée à asseoir l'Etat de droit mais à accompagner l'ouverture économique du pays». Et ce, avant de relativiser la situation, indiquant que la corruption n'est pas plus importante ici qu'ailleurs dans d'autres pays, mais, quand cela touche des sommes assez colossales, comme à Sonatrach, elle se devait de réagir. Louisa Hanoune a indiqué : «Cette cascade d'affaires ne nuit pas à l'image du pays, mais au contraire elle réhabilite l'Etat», à condition qu'elle ne se limite pas à de «la poudre aux yeux», mais qu'elle aille «plus loin». Sonatrach est aujourd'hui «étêtée», «mais ce n'est pas la première fois», a-t-elle estimé, avant d'évoquer l'affaire BRC, dont le dossier a été classé, affirmant que «si l'enquête avait été, elle, menée jusqu'au bout, on n'en serait pas là». A l'origine du scandale, la permission donnée en 2005 par Chekib Khelil pour les contrats de gré à gré, et l'ouverture des agences, a indiqué Mme Hanoune, citant en exemple «l'agence de régulation [qui] est un Etat dans un Etat» et qui avalise les contrats au lieu du Conseil des ministres. Aussi considère-t-elle qu'une révision des lois est nécessaire et qu'il est temps de remettre de l'ordre dans le secteur car ces scandales sont l'une des conséquences de la gouvernance du parti unique et du désengagement de l'Etat qui s'ensuivra. Cela faisant, Louisa Hanoune rappellera qu'en plus de la mesure de mettre fin au recours aux bureaux d'études étrangers, qui est une proposition de son parti, il est nécessaire d'appliquer le principe de «d'où tiens-tu cela ?» à tous les nouveaux riches qui ont dirigé le secteur public. En abordant la situation socio-économique du pays, elle dira suivre avec le plus grand intérêt les mesures prises par le gouvernement, auquel elle a réitéré son soutien, tout en l'invitant à plus de mesures «hardies» dans le sillage des orientations économiques contenues dans la loi de finances. Sur le plan social, elle fera remarquer que les mesures ainsi prises restent en deçà des attentes des travailleurs, en faisant remarquer que le taux de chômage reste important. Les chiffres s'y rapportant sont «une provocation», dira Mme Hanoune. Elle a, en revanche, enregistré avec satisfaction le plafonnement des produits de première nécessité, en rappelant les propositions de son parti visant l'amélioration du pouvoir d'achat, considéré que la protection de l'économie nationale y passe obligatoirement, tout comme pour la paix sociale. Elle plaidera la cause des fonctionnaires de la santé, en appelant à une solution urgente du conflit social. En réaction à la décision des Etats-Unis et de la France de «backlister», la secrétaire générale du Parti des travailleurs se demandera si cette décision d'intégrer l'Algérie à une liste de pays comme la Somalie et le Pakistan qui sont complémentent désintégrés n'est pas liée au refus du pays d'accueillir l'Africom, à la promulgation de sa loi de finances et à sa position à l'égard de certains conflits comme la Palestine ? Pour Mme Hanoune, l'Etat algérien ne doit pas se limiter à dénoncer mais à prendre et à appliquer des mesures de réciprocité à l'égard des ressortissants de ces pays qui veulent humilier les Algériens. A. R.