De notre correspondant à Constantine A. Lemili La ville du Khroub est, toutes proportions gardées, en ébullition. Du moins ses milieux sportifs. Le Mondial avait jusque-là entretenu une relative distanciation des supporters par rapport au football national et à tout ce qu'il ne cesse de véhiculer comme relents nauséabonds même si la discipline décriée demeure l'exutoire par excellence pour des compatriotes qui, en matière de distraction, disposent de peu de substituts. A ce bouillonnement, a répondu le plus grand flou artistique de la part de la nouvelle direction du club, versée depuis le 29 juin dernier dans le professionnalisme. Bien entendu, sous réserve que les instances nationales ad hoc agréent le dossier déposé. Comme nous l'évoquions précédemment, le Mondial passé, ont disparu également les effets anesthésiants ou dissipateurs d'une réalité amère, laquelle, évidemment, n'est pas le seul apanage de l'ASK. La rue a commencé hier à préciser ses intentions et attend des réponses à ses questionnements. Un fort signal qui n'a pas échappé à B. Guedjali, président du conseil d'administration de la société sportive par actions Massinissa, lequel a donc tenu une conférence de presse en milieu d'après-midi de lundi dernier dans les locaux cédés à la SSA par le président en exercice, H. Milia. Il y a lieu de préciser que le mutisme entretenu autour de la SSA a d'ailleurs été imputé à l'ancien président du club qui n'aurait pas fait preuve de bonne volonté pour héberger l'administration embryonnaire de la société sportive. Ce que, logiquement, a réfuté M. Milia qui nous dira, pour sa part, qu'il «ne s'est jamais opposé à ce que les membres de la SSA utilisent les locaux, les équipements administratifs et les moyens de l'ASK, sauf qu'il n'était pas question de leur céder les clés pour la simple raison qu'il s'agissait de préserver des documents comptables, des archives dont je suis responsable et serai responsable tant que je n'aurai pas présenté le bilan à l'assemblée générale. Cela étant, je n'ai jamais empêché une quelconque activité si la demande avait été autrement formulée».Mais même si, aux yeux de M. Guedjali, M. Milia demeure membre de droit du CA et à la tête de l'ASK, «il ne l'est que pour le club amateur, et qui le restera», un club amputé de sa section de football. «Il se consacrera aux autres disciplines du jeu collectif», précisera-t-il. En fait, la ville est partagée et d'aucuns parmi les détracteurs du président du club commencent déjà à regretter son éventuel départ considérant pour de nombreuses personnes parmi les plus avisées qu'«il y a eu quelque part tromperie sur la marchandise et sur ce projet de professionnalisme vendu aux naïfs par une docte commission composée de personnes à la réputation d'honnêteté morale incontestable mais laquelle, vraisemblablement, a été piégée par ceux qui sont aujourd'hui au sein du conseil d'administration et qui n'en sont en réalité que l'ombre au vu des attentes de la famille sportive khroubie». C'est ce qu'a essayé de démonter ou de tempérer M. Guedjali au cours de ladite conférence de presse. «Nous avons été parmi les premiers à déposer notre dossier auprès de la FAF. Nous déplorons toutefois que le délai ait été prorogé au 15 juillet parce que nous avons mis les bouchées doubles pour être là le 30 juin. Le dossier était complet mais aurait pu être mieux élaboré si nous avions été informés à l'avance de ce sursis», dira-t-il. Le président du CA estime que «l'ASK a autant de chances d'éligibilité que le reste des clubs. Ce que nous pouvons vous affirmer, c'est que nous avons remis un dossier en béton. Nous l'avons complété par quatre autres documents sollicités par la fédération, ce qui laisse donc augurer que, sur le plan du principe, le dossier tient la route et répond aux conditions posées par laréglementation».En sa qualité, par ailleurs claironnée, d'agent de joueurs agréés par la FIFA et en raison de son entrisme dans les milieux du football africain et à un degré moindre européen, M. Guedjali affirme avoir pris contact avec six éléments évoluant à divers niveaux du championnat de France de football, voire de Hongrie mais que seulement deux ont été retenus en raison de démarches administratives faites en retard. Cinq éléments parmi l'ancien effectif ont confirmé leur engagement, et le retour d'anciens enfants de la ville évoluant dans différents clubs nationaux n'est plus au conditionnel. Le président du CA met l'accent sur la formation et surtout le retour à la prospection et la supervision des rencontres des divisions inférieures et plus particulièrement des compétitions de quartier et du championnat scolaire qui demeurent, à ses yeux, les plus grands viviers de la discipline. Enfin, par rapport à la situation financière, les journalistes sauront que la SSA «ne dispose à l'heure actuelle que de 5,5 MDA». Mais le conseil ne désespère pas de voir venir adhérer au challenge d'importants investisseurs. M. Guedjali n'exclut donc pas la possibilité d'un cash-flow de «5 milliards au minimum d'ici le mercato de décembre. Ce qui nous permettra de mieux appréhender la suite et nous garantira les meilleurs équilibres pour la suite de la saison». Les journalistes ont surtout eu pour préambule d'intervention du président du CA de la SSA Massinissa une information plutôt contraignante pour les confrères de la presse spécialisée qui consiste à ne plus approcher aucun acteur du club (joueurs, entraîneurs) en dehors d'un cadre organisé préalablement établi par la direction de l'association. Ce qui, au demeurant, est une très bonne initiative. Elle restera toutefois un vœu pieux.