Les conséquences de la libéralisation tous azimuts du marché extérieur se font lourdement sentir au niveau de la sphère sociale. Les Algériens dont les salaires sont les plus bas dans toute la région du Maghreb souffrent le martyre chaque fois que les prix de l'un des produits de large consommation enregistrent une envolée. Le pouvoir d'achat s'étant en effet érodé depuis une décennie, ladite libéralisation a eu également comme dommages collatéraux une anarchie au niveau du marché local. Importateurs, grossistes et détaillants font leurs propres lois, au su et au vu de tout le monde, sans se soucier, en parallèle, des lois de la République. Les pouvoirs publics, annonçant depuis longtemps une panoplie de mesures visant la régulation du marché, n'ont pratiquement pas fait changer d'un iota la situation sociale des Algériens. Car la spéculation et la flambée des prix, souvent injustifiées, profitent à tous, sauf… aux consommateurs. De nos jours et avec une bourse modeste, le simple ménage ne peut plus se permettre de s'acheter un kilogramme de sardines cédé à plus de 250 DA, ou un kg de sucre à 100 DA. La nécessité d'imposer le respect des marges bénéficiaires, de fixer les prix à des niveaux abordables, quitte à amender certains textes, (notamment la loi sur la concurrence et les prix), devient la solution la plus recommandée en ces temps de cherté tous azimuts. Il est temps, en fait, d'en finir avec cette situation, d'autant que le climat social est des plus tendus et marqué notamment par des grèves cycliques et des manifestations, dans divers secteurs. La répression des marches des praticiens de la santé et la fermeture des portes du dialogue aux différents syndicats autonomes ne constitue pas la solution idéale. Pis, les responsables du secteur de l'Education et de la santé, pour ne citer que ceux-là, savent pertinemment que leur attitude ne fait qu'aggraver la situation sociale des fonctionnaires et ne favorise que la radicalisation de leurs mouvements. Les pouvoirs publics ont tout à gagner en crevant définitivement l'«abcès» social, en déclarant notamment la guerre à toutes les parties intervenant dans notre économie, notamment celles qui ne respectent que leurs propres lois et non celles de la République. L'envolée des prix de certains produits de large consommation, même si elle est justifiée à bien des égards, d'autant que certains sont tributaires des marchés mondiaux, ne doit pas laisser indifférents les pouvoirs publics. Le gouvernement doit trouver des solutions à cette problématique qui ne fait qu'envenimer le climat social. L'annonce, ce week-end, par le ministre du Commerce de mettre en place un nouveau dispositif pour réguler les prix des produits de large consommation dans le cadre de la lutte contre la spéculation et la hausse «injustifiée» des prix et, surtout, l'amendement de la loi relative aux pratiques sociales, en aggravant de ce fait les sanctions contre les commerçants enfreignant les dispositions de ladite loi, est bonne dans la mesure où les spéculateurs se verront obligés de respecter notamment la marge bénéficiaire ; faute de quoi, ils seront pénalisés par des amendes allant jusqu'à 10 millions de dinars. En élargissant l'application de l'article 5 de la loi sur la concurrence en vigueur qui stipule que «les prix et les marges sont libres et déterminés par la libre concurrence», l'Etat aura le droit de regard sur les produits de large consommation dont les prix sont jugés élevés. Cette décision, vient à point nommé d'autant que les prix seront, au maximum, plafonnés ; les commerçants ne respectant pas les marges bénéficiaires, durement pénalisés, et que le consommateur trouvera, a posteriori, les produits à des «justes prix». S. B.