Photo : Riad Par Salah Benreguia Si l'Algérie est un traditionnel partenaire énergétique et surtout sécuritaire des Américains (l'expérience algérienne dans la lutte contre le terrorisme est sans appel), ces derniers veulent vraisemblablement dépasser ce stade de la coopération. En effet, la volonté des Américains est de tisser un partenariat économique solide, faisant de leur pays, au fils des années, l'un des premiers et importants partenaires économiques de l'Algérie. Comme «préalable», les Américains espèrent voir plus de clarté et de stabilité au niveau de la législation algérienne. En effet, les hommes d'affaires du pays de l'Oncle Sam voient dans certaines dispositions de ladite loi l'absence de clarté et d'explication et surtout de prévisibilité. «Certains changements apportés aux lois sur l'investissement et les taxes ne sont pas clairs, même si nous sommes encouragés par les déclarations affirmant que les nouvelles lois sur l'investissement ne seraient pas appliquées de façon rétroactive.» C'est le premier constat établi par un membre de la délégation d'hommes d'affaires ayant séjourné la semaine dernière à Alger. Ladite délégation, conduite par Mme Nicole Y. Lamb-Hale, conseiller général adjoint du département américain du Commerce, est composée de 24 compagnies activant dans divers secteurs. A ce propos, Mme Lamb-Hale, estime que «les compagnies présentes ici ont plusieurs marché pour investir. Ce qui est important dans le cas de l'Algérie est l'élément de transparence et de continuité dans les affaires surtout lorsqu'il s'agit des lois et règlements. Nous espérons avoir une nouvelle série d'accords-cadres pour le commerce et l'investissement», espère cette responsable. Dans ce sillage, l'un des patrons des entreprises ayant séjourné à Alger, ajoute que «les entreprises ont besoin de comprendre les conditions dans lesquelles elles doivent fonctionner. Il y a toujours un risque que les entreprises hésitent à développer ou à démarrer de nouveaux projets en l'absence d'informations claires sur les lois de l'investissement et le climat des affaires dans quelque pays que ce soit». Quant aux opportunités de réussite en Algérie, d'autant que la concurrence de la part des compagnies d'autres pays bat son plein, les Américains restent optimistes : «Les produits américains sont excellents et les compagnies américaines n'ont pas peur de la concurrence. Elles comptent diversifier leurs relations dans d'autres secteurs, hors hydrocarbures, et la preuve est leur présence en Algérie où elles activent dans la technologie de l'eau, dans les services et dans l'armement», dira la représentante de l'administration Obama. Pour ce qui est des secteurs d'activité, en dehors du pétrole et du gaz, «l'activité commerciale est surtout forte dans les machines et les équipements industriels ainsi que dans les produits agricoles, notamment les céréales», estime la même source. «Nous espérons voir plus d'investissements à l'avenir. Nous continuons d'encourager les entreprises américaines à explorer les opportunités en Algérie», poursuit-elle, ajoutant que les entreprises américaines perçoivent d'importantes opportunités pour le commerce, la collaboration et le transfert de technologie en Algérie dans un certain nombre de secteurs, notamment les technologies de l'eau, le matériel médical, les services pétroliers et gaziers, les infrastructures et la construction. Les réserves de l'Algérie Malgré cette embellie remarquable des relations économiques entre les deux pays, la structure des échanges reste dominée par les hydrocarbures qui occupent plus de 99% du volume global. En d'autres termes, en défaveur de l'Algérie, car 20 millions du volume global des échanges commerciaux entre les deux pays représentent des exportations de l'Algérie vers ce pays. Côté algérien, bâtir des relations commerciales «solides et diversifiées», comme l'indiquent un bon nombre des pays étrangers, dont les Etats-Unis, ne peut occulter la nature globale des relations bilatérales entre notre pays et d'autres partenaires. Le cas de la France et des Etats-Unis est édifiant. Comment, en effet, prétendre que le marché algérien est des plus porteurs dans la région du Maghreb alors que, parallèlement, on classe ce pays dans la liste des pays à risque ? N'est-il pas alors risqué d'investir dans un pays à risque ? Ces questions posées à Mme Nicole Y. Lamb-Hale, conseiller général adjoint du département américain du Commerce méritent des réponses bien claires et surtout rationnelles. Pour ce qui est des Etats-Unis, voici la réponse : «Aucun pays n'est pointé du doigt par une telle mesure, et il ne s'agit pas de discrimination, surtout que ladite mesure vise uniquement la protection de la population américaine. Les relations commerciales n'en seront pas affectées.» La représente de l'administration Obama a même justifié le désir américain d'investir davantage en Algérie par la présence de cette «forte délégation» en Algérie, avec à sa tête un haut responsable du département du Commerce, fraîchement nommé à ce poste. «Sachez que c'est seulement depuis une semaine que j'occupe ce poste et ma visite en Algérie est ma première escale internationale», a tenté de convaincre Mme Lamb-Hale, ajoutant dans ce sens que même l'ambassade des Etats-Unis en Algérie s'est «dotée» d'un assistant chargé du commerce, un poste jamais créé depuis 15 ans. Le ministre des Affaires étrangères algérien, Mourad Medelci, a même fait savoir, dans ce sens, que l'Algérie «accueillera toutes les délégations qui veulent travailler avec l'Algérie de façon positive et avec une bonne intention». Cette déclaration de chef de la diplomatie algérienne, à elle seule, renseigne à quel point l'Algérie veut être perçue comme un véritable partenaire économique, et pas seulement comme une économie de bazar dans laquelle toutes les compagnies mondiales peuvent faire fructifier leurs affaires et se faire de l'argent sans se soucier, en parallèle, des lois algériennes et de la politique économique de ce pays. Cela, nos amis étrangers doivent le comprendre.