Photo : M. Hacène Par Nabila Belbachir «La nature de notre métier pèse lourd : on ne peut pas laisser un patient mourir», nous a fait savoir un assistant en chirurgie, qui fait soi-disant la grève mais pas la «vraie grève», tel qu'il l'a qualifiée. «Je ne fais pas de consultation, ni encore de visite ; j'assure seulement les opérations d'urgence», nous a confié un chirurgien au niveau du CHU Mustapha Pacha d'Alger. Tout patient souffrant est une «urgence» pour le médecin, même dans ces moments de protestation, selon des membres de la corporation. Revendiquer des droits socioprofessionnels et une vie digne et décente semble «gêner et déranger» les pouvoirs publics qui sombrent dans leur mutisme et leur indifférence. Ni le premier responsable du secteur de la santé ni le Premier ministre n'ont réagi ou répondu aux doléances des praticiens et spécialistes de la santé.Entamant leur troisième mois de grève pour les généralistes et leur deuxième pour les spécialistes, les blouses blanches sont déterminées dans leur action de protestation. Cette fois-ci, un rassemblement est prévu au siège de la présidence de la République, à El Mouradia. Il se tiendra demain à 11 h, dans l'espoir que le premier magistrat du pays prendra en charge leur dossier «épineux», relatif aux droits socioprofessionnels. En plus des sit-in tenus dans l'enceinte de l'hôpital Mustapha Pacha et d'une tentative d'investir la rue et de marcher jusqu'au siège de la Présidence, empêchée par les forces de l'ordre, les médecins n'ont pas baissé les bras. Bien au contraire, ils ont tenu un rassemblement devant le département de Barkat, premier responsable du secteur de la santé, qui est le premier à devoir «tendre son oreille et répondre aux revendications de cette orporation». Un autre a eu lieu également devant le siège du gouvernement, mais aucune réponse n'a été fournie à l'«élite du pays», laquelle a demandé à plusieurs reprises à être reçue par le Premier ministre Ahmed Ouyahia ou un de ses collaborateurs. En vain. Le bras de fer entre les pouvoirs publics et les syndicats autonomes de la santé publique a atteint son paroxysme, risquant ainsi de faire perdurer la protestation, ce qui générera et généralisera, selon les SNPSSP et le SNPSP, un vrai pourrissement de la santé. D'ailleurs, le ouvement ira vers la radicalisation totale des EPSP, EPH et CHU.Il suffit de faire une tournée au niveau de ces structures de santé publique pour confirmer le maintien de cette grève ouverte et illimitée. Rappelons que cette action de protestation remonte, pour le Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), au 24 novembre de l'année 2009 et au 4 janvier dernier pour le Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP), créant conjointement l'Intersyndicale présidée respectivement par les Dr Merabet et Yousfi. La réunion de conciliation qui s'est tenue jeudi dernier entre le SNPSSP, la tutelle, l'Inspection du travail et la fonction publique a réjoui les deux syndicats mais elle reste insuffisante car le SNPSP n'a pas été invité à la table des négociations. Se réunir autour d'une table pour débattre et discuter la plate-forme de revendications «commune» est pour cette corporation la seule revendication «légitime» pour une sortie de crise et le bien-être du citoyen.