Le marché informel continue à battre son plein en Algérie. Pratiquement, toutes les villes du pays en sont dotées. Ces lieux de commerce où toutes sortes de produits sont proposées aux consommateurs ne sont que la partie visible de l'iceberg. Car, l'informel ce n'est pas uniquement cela. C'est un phénomène à multiples facettes, géré par des réseaux maffieux, qui gangrène l'économie nationale et qui met en péril de nombreux secteurs où la concurrence déloyale est devenue seule maîtresse à bord. C'est en fait l'informel qui nourrit cette concurrence. Pis, ce phénomène ravageur ne fait qu'encourager la corruption, il en est même le lit. C'est le cas dans d'autres pays, particulièrement dans ceux où la pauvreté et le chômage poussent les populations à servir de fils conducteurs au trafic et à l'informel au profit des bandes maffieuses qui trouvent en ces populations des proies facilement manipulables pour faire fructifier leurs affaires douteuses. La vente, pourtant interdite des produits pyrotechniques à l'occasion de la célébration du Mawlid Ennabaoui est un exemple édifiant. On se sert de jeunes chômeurs qu'on livre à tous les dangers pour écouler ces produits de manière informelle. Cette pratique n'est pas propre aux produits pyrotechniques mais elle touche également d'autres catégories de marchandises introduites frauduleusement en Algérie par les barons de l'importation avec la complicité de douaniers et autres contrôleurs corruptibles. Cette corruptibilité, faut-il le noter est liée à différentes raisons. Pour lutter contre tous ces phénomènes, il serait utile de «fouiner» dans toutes ces raisons dont l'une est facile à «identifier», à savoir la gouvernance, dont le mode laisse à désirer comme c'est le cas d'ailleurs dans d'autres pays africains où la propagation de l'informel fait des ravages. Ce n'est pas propre à l'Algérie, l'informel, la corruption et la fraude sont des points communs que partage notre pays avec ses voisins où le mode de gouvernance est des plus médiocres au monde, selon différents rapports internationaux. Les conseils économiques et sociaux africains réunis mercredi et jeudi derniers à Alger l'ont d'ailleurs relevé : «La bonne gouvernance est la source de la croissance et la prospérité sociale.» Pour renforcer l'efficacité du développement et renforcer la lutte contre les pratiques économiques douteuses, il y a lieu d'axer les efforts en matière de gouvernance en commençant par déterminer les failles, malheureusement fort nombreuses. Elles concernent en premier lieu les ressources humaines. L'aveu de Chakib Khelil concernant le «manque d'expérience dans la gestion des appels d'offres» illustre parfaitement ce déficit en ressources humaines qualifiées S. I.