Convaincue de l'importance de son projet culturel et armée d'une volonté de fer, la présidente de l'association «La Culture c'est ma tasse», Mme Baya Zengadi, s'est mise en campagne et sillonne la capitale pour donner corps à son idée, celle d'amener la culture là où elle n'a pas droit de cité, hors du cadre institutionnel et infrastructurel, dans les quartiers d'Alger qui n'ont pas de salle de concert, de théâtre ou de galerie d'art. Elle parcourt ces quartiers et propose aux propriétaires de cafés d'y organiser des mini-concerts de musique, des rencontres littéraires ou des représentations théâtrales… Créée en mai 2009, cette association n'a pas tardé à marquer sa présence sur le terrain. En décembre 2009, elle a entamé ses activités avec l'organisation d'un café-concert avec le chanteur chaabi Mehdi Tamache et son orchestre au Tantonville, le café mythique qui jouxte le théâtre national d'Alger, près du square Port Saïd. Mme Zengadi ne se donnera pas le temps de savourer cette première victoire et repartira battre la campagne pour dénicher un autre coin où la culture pourrait trouver une petite place. Ça sera à l'autre bout de la ville, au Moon Light, un café situé près de la rue Didouche Mourad, dans le quartier du Sacré Cœur, qui avait déjà abrité par le passé des expositions et des concerts de musique. Pour cette deuxième station de «La culture c'est ma tasse», Mme Zengadi optera pour une rencontre littéraire, histoire de diversifier le menu. Le rendez-vous littéraire à eu lieu le 6 février dernier et l'invitée sera Mme O. Gallèze, docteur en philosophie. Après le Moon Light, qui a été une réussite, retour au Tantonville où, cette fois, l'association a organisé une représentation théâtrale avec le monologue Ezzeriaa du comédien Ahmed Gourayen. Comme tout spectacle de rue, la manifestation a obtenu un franc succès. Le spectacle a accroché tous les consommateurs attablés et attiré même des passants… C'est tout bénéfice pour le café. Autrement, les patrons ont tout à gagner en ouvrant leurs cafés à l'association et aux artistes qu'elle leur proposera. Ce que fera le restaurant Jardin d'hiver situé sur la rue Hassiba Ben Bouali, qui a accueilli, la semaine dernière, une rencontre autour de la poésie populaire suivie d'un concert de musique chaabie.La prochaine halte de l'association n'est pas encore fixée, mais Mme Zengadi n'a pas baissé les bras, bien au contraire, et continue à écumer restaurants et cafés pour y faire entrer la culture. «Nous voulons sortir des murs des institutions et centres culturels, souvent inaccessibles pour les jeunes, problèmes de stationnement, embouteillages… sont autant d'éléments décourageants […]. Je suis déterminé à faire accepter ce concept. J'ai sillonné moi-même les quartiers de la capitale, de Belcourt à la basse Casbah, en passant par le centre-ville, à la recherche de cafés susceptibles de coopérer. Heureusement, il y a de l'écoute», déclare la présidente de l'association. Pour cerner au plus près les attentes de la population, Mme Zengadi, au fil de ses déplacements à travers la ville, a procédé à un petit sondage. «Nous allons essayer de vulgariser et de socialiser la culture et cela en proposant des rencontres littéraires autour des contes et les textes de chansons populaires afin de pousser à la réflexion et à l'analyse», ajoutera-t-elle. L'association siège temporairement au centre culturel Azzedine Medjoubi en attendant l'octroi d'un local. Concernant les objectifs, la présidente voit grand et cela en désirant généraliser ce concept à travers toute l'Algérie. «Nous existons depuis une année. Nous avons commencé par la capitale avant de tenter d'étendre nos activités à d'autres régions du pays. Mais cela dépend des demandes, des propositions et des moyens dont on pourra disposer», conclura-t-elle. En outre, avec une telle volonté, l'association «La culture c'est ma tasse» semble avoir rassemblé les bons ingrédients pour réussir et cela en dressant à la tête de son menu la culture. Par ailleurs, la présidente de l'association déplorera le manque de soutien, voire la démission des médias. «A chaque fois qu'on organise une manifestation, j'appelle personnellement les journalistes pour les inviter à couvrir l'événement mais ils ne viennent pas, quand ils ne me raccrochent pas tout simplement au nez. Je ne comprends pas cette attitude. Je ne comprends pas pourquoi ils nous tournent le dos alors que nous comptons beaucoup sur eux pour nous soutenir et nous accompagner», se désolera-t-elle, à juste titre. W. S.