S'invitant parfois dans des endroits «insolites», la culture tente, ces dernières années, de ménager une place au sein de la société algérienne qui manifeste dernièrement un certain intérêt pour ce secteur. La dernière tendance est celle des cafés littéraires où artistes et hommes de culture improvisent des rencontres dans les cafés d'Alger. Le meilleur exemple d'initiateur de ce genre de rendez-vous est l'association «la culture, c'est ma tasse» dont la présidente, Mme Baya Zengadi, n'hésite pas à sillonner les cafés, restaurants et pizzerias de la capitale afin de trouver preneur pour ses programmes d'animation qui englobent aussi bien les rencontres littéraires que les représentations théâtrales ou les concerts de musique. Ses efforts ne seront pas vains puisque, en l'espace d'une année d'existence, elle a réussi à organiser un café-théâtre et un café-concert au Tantonville, un café littéraire au Moonlight, et un autre dans la pizzeria Maestro. Malheureusement, pour la dernière rencontre, où l'association a rendu hommage à l'artiste Taos Amrouche et la combattante Mme Amirat, l'établissement s'est montré coopératif en gardant en vue la nécessité du bénéfice commercial qu'il fallait tirer de la rencontre. Quant au public, mis à part les regards curieux, nul n'a osé prendre part au débat ni s'intéresser à la rencontre. Ces comportements soulignent la nécessité urgente d'une sensibilisation et d'une initiation des citoyens à ce genre de manifestations.En revanche, au sein de quelques librairies à Alger, le public se montre de plus en plus concerné par ces rencontres qui brisent la glace entre les hommes de culture et les citoyens. On citera l'exemple de l'espace Noun dont la gérante, Nacera, invite souvent des auteurs à présenter leurs ouvrages face à ses fidèles clients. Assis en tailleur, les jeunes qui fréquentent cet espace viennent par groupes pour rencontrer les auteurs et même pour visiter les expositions qui y sont organisées de temps à autre. Dernière née, la librairie l'Île lettrée dont le gérant s'est inscrit dans la perspective de la socialisation de la culture. Ce dernier s'est tracé un programme regroupant une série de rencontres littéraires, des conférences scientifiques pour élargir son horizon et toucher le maximum de gens. Il faut rappeler qu'avant ces librairies quelques restaurants d'Alger avaient déjà tenté cette expérience, à l'image du restaurant le Diwan du Val d'Hydra et de Dar Baya de Dely Brahim avec la tenue de concerts et de représentations théâtrales. Hélas, ces espaces n'ont vécu que ce que vivent les roses. L'aspect commercial a eu vite fait de prendre le dessus, et la culture ne se vend pas toujours bien. Avec les rares initiateurs qui activent dans la capitale, les cafés littéraires qui y ont émergé sont aujourd'hui en quête de véritables parrains intellectuels et financiers afin de survivre. Quant au manque de public, c'est un défi qu'il faut relever, et c'est un travail à long terme, car il s'agira de le fidéliser et, pour ce faire, il faut avoir du souffle, autrement dit les moyens de faire tourner la baraque, ce qui nous ramène à la nécessité des soutiens et des aides, de l'Etat comme du privé, qui maintiendraient ces espaces en vie et les porteraient jusqu'à ce qu'ils atteignent leur vitesse de croisière et qu'ils puissent se prendre en charge. W. S.